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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 09:24

On sait l'étonnement de Pascal, qui était celui de Socrate, qui fut celui de tant d'autres : « L’homme n'agit point par la raison, qui fait son être! »

 

La raison nous distingue de tout, nous place au-dessus de tout. Quel mystère de grandeur! L'univers se révèle en nous pour se contempler, pour éclairer ses chemins, et, sans doute, rectifier sa marche, ainsi en jugerait-on naturellement. Comment se peut-il que ce juge n'ar­rive pas à se juger lui-même, à se guider, et ris­que de pousser ce qui l'avoisine à la destruction plutôt qu'au meilleur?

 

A-t-on renoncé à la raison? On en proclame le culte assez haut! Les élites s'y attachent fiévreu­sement et les foules l'adorent. On voit des gens se presser autour d'un homme qu'ils n'entendent point, dont la pensée les dépasse, simplement parce qu'il paraît exercer la plus haute fonction de l'homme et de là, par solidarité, prouver leurs titres de noblesse.

 

Voici ce qui se passe,  on cultive la raison comme outil de travail, et chaque jour nous donne occasion, en admirant le travail, de nous réjouir de ses résultats en utiles conquêtes. Toutefois, la raison ainsi employée ne suffit pas à faire de l'employeur un vivant raisonnable.

 

Autre chose est la raison dépensée, autre chose la raison satisfaite.

 

On peut gaspiller de la raison à toutes fins; on ne la dépense raisonnablement que pour des fins droites, c'est-à-dire se raccordant avec les fins définitives de la vie.

 

Il v a trois sortes de réalités offertes à la raison : celle qui sont au-dessous d'elle, étant ma­térielles ; celles qui sont à niveau : les réalités humaines, et celles qui sont au-dessus : les spiri­tuelles.

 

Si la raison s’en tient qu’à la matière, elle aura beau y triompher, elle s'enlisera. Si elle s'attache qu’à l'humanité, elle ne peut y apporter ou y trouver en partage que la commune indigence. Au dessus seulement est sa fin.

 

L'esprit est fait pour le monde de l'esprit. La matière n'est qu'un support. L'humanité n'est qu'une équipe fraternelle en voie d'ascension. Le but est au-dessus de tous, au delà de tout. Il est de forme idéale et se rapporte à l'homme qui vit de vérité, de beauté, de bonté, disons d'un mot de divinité; car c'est la Divinité qui fonde et exprime en soi tout idéal d'homme.

 

Utiliser la nature et oublier le spirituel qui enveloppe les forces du monde, c'est un travail de raison contre la raison. Aussi n'avons-nous qu'inquiétude à voir les pays dresser des « plans » de développement matériel sur les ruines de l'âme. De même, aider l'humanité sans la pousser au delà de soi, c'est se perdre avec elle, d'où l'illusion d'un « humanitarisme » sans foi.

 

Se consacrer ensemble à l'idéal pris comme fin, l'idéal plus pur que l'existence, plus réel, disions-nous, que le réel, c'est la vraie vie et c'est la raison même.

 

Extrait de : RECUEILLEMENT. Œuvre de A. D. Sertillages O.P. (1935)

 

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