Les grands avantages de la prière sont attachés à la manière dont on s'acquitte de ce devoir. Pour bien prier, il faut d'abord que ce soit au nom et par les mérites de Jésus-Christ ; il n'a promis de nous accorder que ce que nous demanderions en son nom : c'est pour cela que l'Église termine toutes ses prières par ces paroles : Nous Vous en prions par Jésus-Christ Nôtre Seigneur.
Secondement, il faut prier avec attention, c'est-à-dire penser à Dieu et à ce qu'on lui demande. Dieu écoute bien plus les paroles du cœur que celles de la bouche. La prière est une élévation de notre âme vers Dieu ; ce n'est donc pas prier que de penser à toute autre chose qu'à Dieu quand on lui parle. Il est vrai que les distractions, quand elles sont involontaires, ne rendent pas la prière mauvaise ; mais Dieu est offensé par celles auxquelles on a donné occasion par sa faute ou qu'on ne rejette point après qu'on s'en est aperçu. On mérite alors ce reproche que Dieu faisait autrefois aux Juifs : " Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi."
Troisièmement, il faut prier avec confiance. Notre Seigneur, en nous promettant d'exaucer nos prières, y met toujours cette condition : pourvu qu'elles soient faites avec foi. Il disait ordinairement à ceux qui s'adressaient à lui pour obtenir leur guérison : Qu'il vous soit fait selon votre foi. Notre confiance ne saurait être trop ferme, puisqu'elle est appuyée sur la puissance de Dieu qui peut faire infiniment plus que nous ne lui demandons ; sur sa miséricorde, qui n'a point de bornes, et sur les mérites infinis de Jésus-Christ, au nom duquel nous prions.
Eh quoi ! Nous nous adresserions avec confiance, dans nos besoins temporels, à un ami riche, puissant et éprouvé, et nous en manquerions en nous adressant à Dieu pour les besoins même spirituels, quoiqu'il nous commande et qu'il nous invite lui-même à recourir a lui comme à un bon père !
Une telle défiance ne serait-elle pas injurieuse à sa tendresse ? Qu'est-ce donc que la bonté des hommes comparée à celle de Dieu ?
Enfin, il faut prier avec persévérance. Dieu, par une conduite pleine de sagesse et de bonté, diffère quelquefois de nous accorder ce que nous lui demandons ; ce délai n'est pas un refus, mais une épreuve.
Il veut par là nous faire connaître le prix de ses dons, augmenter l'ardeur de nos désirs et nous disposera les recevoir avec plus d'abondance. On ne doit pas se décourager ni se lasser de prier : Jésus-Christ nous l'ordonne et pour nous faire sentir la nécessité de la persévérance, il se sert de deux comparaisons : la première est celle d'une veuve qui, par ses importunités, touche enfin le cœur d'un mauvais juge et le force à lui rendre justice; la seconde est celle d'un homme qui, au milieu delà nuit, va demander à son ami trois pains à emprunter. Ce dernier refuse de se lever ; l'autre ne se rebute point, il continue à frapper à la porte et il redouble ses prières : sa persévérance est récompensée et il obtient ce qu'il demandait.
Notre Seigneur termine cette parabole par une exhortation vive et pressante de prier sans relâche et par une promesse formelle de nous accorder tout ce que nous demanderons avec persévérance. Le moment où nous cesserons de prier est peut-être celui que Dieu avait destiné pour nous exaucer. Retenez bien ceci : c'est la prière qui demande, mais c'est la persévérance qui obtient.
histoire : C'était, dit un pieux auteur, la pratique d'un jeune enfant de qualité d'offrir son cœur à Dieu tous les matins, avec beaucoup de ferveur, ce qui était comme l'âme de toutes les actions qu'il faisait pendant le jour. Si je manque, disait-il, à ce devoir comme il m'est arrivé quelquefois, je suis dissipé tout le reste de la journée. Ce saint enfant, n'ayant pas encore l'âge de douze ans, mourut avec le sentiment d’une rare piété. Mon Dieu, s’écriait-il de temps en temps, étant près d'expirer, je vous ai fait presque tous les jours le sacrifice de mon cœur, je vous fais maintenant celui de ma propre vie.
Imitons ce pieux enfant et soyons exacts comme lui à offrir tous les matins notre cœur notre cœur a Dieu, afin de mourir, comme lui, dans les sentiments d'une vraie piété. (arnisennet, le bon Ange de l’enfant.)
Extrait du : NOUVEAU TRAITÉ DES DEVOIRS DU CHRÉTIEN ENVERS DIEU. (Édition 1860)
elogofioupiou.over-blog.com