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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 03:42

La soif du corps est un des tourments les plus douloureux : on assure qu'il est plus intolérable encore que celui de la faim.

 

Dans l'ordre moral, la soif torture celui qui est en proie à une violente passion, à un ardent désir. Il y a la soif des jouissances grossières, la soif de la science, la soif de l'or, la soif de la gloire. Nous savons tous de quoi elles rendent ca­pables ceux qu'elles consument.

 

Quelle sera la soif d'une âme vraiment chrétienne ? Avons-nous besoin de le dire ? La soif des âmes et la soif de Dieu.

 

La soif des âmes : on peut à peine concevoir une vraie chré­tienne qui ne ressentirait pas cette soif. Les âmes qui ani­ment la multitude des vivants sont nos sœurs ; elles ont été rachetées comme la nôtre par le sang de Jésus-Christ ; elles sont appelées à un bonheur éternel...

 

Et malgré cela ces âmes se perdent en grand nombre : chaque jour de nouvelles pha­langes vont se précipiter dans l'abîme. Et que faudrait-il pour que ce malheur fût conjuré ?

 

Parfois une prière, un sa­crifice, un acte de vertu. Au moment même où vous lisez ces ligues, des milliers de personnes sont sur le point de paraître devant Dieu.

 

Le combat suprême se livre pour elles entre la vie et la mort, entre la conscience et le démon. Qui dira pour combien pèse dans la balance divine l'ardente sup­plication de son humble servante pour ces pauvres agonisants ?

 

Dieu n'attend-il pas cette prière pour leur accorder la grâce décisive qui doit provoquer leur repentir et leur ouvrir le ciel ?

 

Le saint roi David tombait en défaillance à la pensée des pécheurs qui oublient leur immortelle destinée : que sera-ce de nous, qui pouvons si facilement devenir les aides, les coopératrices de Jésus, et qui avons été inondées de ses bien­faits ?

 

Oui, ayons soif des âmes ; mais surtout ayons soif de Dieu.

 

La soif de Dieu, c'est d'abord le désir efficace de notre progrès dans la vertu, de notre perfection, puisque c'est là ce qui doit nous mener à Dieu. Ne nous faisons jamais cette grossière illusion de croire que nous ayons soif de Dieu parce que nous éprouvons des sentiments tendres pour lui, des élans du cœur vers le ciel : allons toujours à la pierre de touche : les actes.

 

Qui a vraiment soif de Dieu ne fait rien qui déplaise à Dieu : jamais de péchés véniels de propos délibéré ni d'im­perfections réfléchies ; jamais non plus de lâcheté dans la pratique du devoir et de la vertu. « Tu devrais être sainte, nous dit la conscience, et tu languis dans la médiocrité. » Ces reproches aiguillonnent une âme qui a soif de Dieu et la font haleter, soupirer après la perfection.

 

Cette soif de Dieu, c'est aussi le désir ardent de posséder Dieu. Nul n'a mieux exprimé ce sentiment que David : « Dès le point du jour mon âme a soif de vous, ô mon Dieu !...

 

Comme le cerf soupire après l'eau des fontaines, ainsi mon âme se meurt du désir de vous posséder. Elle est altérée de votre force, de votre vie divine : Ah ! Quand donc apparaîtrai-je devant vous ?.... »

 

Ce tourment du cœur, c'est l'état nor­mal d'une vraie chrétienne. Rien ici-bas ne peut apaiser la soif qui la consume, elle n'aspire qu'au bonheur de s'unir pour toujours à Jésus-Christ.

 

O mon Dieu, n'avoir point soif de vous, c'est être mort spi­rituellement. J'ai besoin de vous aimer pour vivre, j'ai be­soin de la paix, du pardon et de la grâce qui viennent de vous. J'ai besoin de vous avoir près de moi, de vous étreindre sur mon cœur.

 

A la soif qui me torture je sens que je vis ; mon Dieu, rendez-la plus ardente, plus brûlante, afin que je vous cherche et vous possède de plus en plus, jusqu'au jour où je me désaltérerai sans entraves aux sources vives des félici­tés éternelles !

 

Méditez ces touchantes réflexions, ces sentiments enflam­més d'une âme qui désirait, elle aussi, n'avoir d'autre soif que celle de Dieu.

 

— Seigneur, bien des années déjà se sont écoulées depuis que je suis sur la terre ; mais plus j'avance, plus j'éprouve le besoin de vous dire et de vous redire sans cesse avec la Samaritaine : « Seigneur, j'ai soif, donnez-moi cette eau que vous m'offrez, afin qu'elle calme ma soif, et que je n'en sois plus tourmentée ! »

 

Oui, j'ai soif de mille choses que mon cœur désire avec une insatiable ardeur et qui parfois se contredisent les unes les autres ; j'ai soif de grandeur et soif de paix ; j'ai soif d'affec­tion et soif d'innocence ; j'ai soif de vérité, de bonheur, d'im­mortalité.

 

Et je me suis souvent adressée au monde, pour obtenir au moins un soulagement à ma soif et à la fièvre morale qui en est la suite ; mais le monde n'a pu me le donner. Il m'a fait ou­blier un instant le tourment que j'endure, et je suis tombée dans une espèce d'enivrement et de sommeil ; mais quand je suis sortie de cet état, un feu plus intolérable qu'auparavant me consumait.

 

Seigneur, puisque vous possédez cette eau qui calme la soif, qui la calme pour toujours, daignez m'en laisser boire ; ne refusez pas ce soulagement à mon supplice, déjà si long et si douloureux !

 

« Ma fille, m'a répondu Jésus, vous étancherez votre soif en satisfaisant la mienne. J'ai soif de votre âme, soif de son abandon, de sa confiance, de son amour. Donnez-vous à moi et vous n'aurez plus soif ; ma grâce deviendra pour vous une source d'eau vive jaillissant jusqu'à la vie éternelle. Ah ! Si vous connaissiez le don de Dieu et Celui qui n'attend qu'un peu de votre eau pour répandre en vous les torrents de la sienne, vous ne résisteriez plus aux sollicitations de son cœur ! »

 

Exemple d’une sainte vie.

 

Sainte Jeanne de Chantai, veuve, perdit sa mère à seize ans, et fut confiée aux soins d'une gouvernante fort mondaine. Dans ce péril, la pieuse jeune fille se consacra à la Mère de Dieu et trouva en elle une protectrice pour toute sa vie.

 

Elle refusa d'épouser un protestant qui demandait sa main, ne voulant point pour mari, disait-elle, un ennemi de Dieu et de l'Église.

 

Peu après, elle devint la femme du baron de Chantai et fit de sa maison l'idéal du foyer chrétien. Dieu cependant appelait Jeanne à une sainteté plus grande que celle d'épouse et de mère.

 

Au moment de la plus complète prospérité, son mari lui fut en­levé par la main innocente d'un ami qui le tua à la chasse. Pendant sept ans, les chagrins de son veuvage furent encore augmentés par les mauvais procédés de ses domestiques et par les cruelles importunités de ses amis qui la pressaient de se remarier.

 

Presque poussée au désespoir par ces obses­sions odieuses, Jeanne grava sur son cœur, avec un fer rouge, le nom de Jésus ; elle se détermina enfin à quitter sa demeure et ses enfants bien-aimés pour se donner toute à Dieu, et coopérer avec saint François de Sales à la fondation de l'or­dre de la Visitation.

 

La croix sous toutes ses formes éprouva sa vertu : la maladie, les oppositions persistantes, le manque de ressources ne l'empêchèrent pas d'établir quatre-vingt-sept monastères de son ordre, tandis que son cœur était brisé par l'affliction. Elle mourut en 1641.

 

Extrait de LECTURES MÉDITÉES (1933)

 

elogofioupiou.over-blog.com

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