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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 01:04

S'il n'y avait pas l'amour, nous aurions de fortes raisons de croire notre univers abandonné au hasard, tout au moins quant aux satisfactions ou à l'aide qu'il nous apporte. La douleur, scan­dale des philosophies et des âmes, n'a que ce seul antidote. Mais avec lui en Dieu, avec lui en nous, tout se transforme.

 

Dieu aime. Sa création est une œuvre d'amour. Au sommet de la création, l'homme est invité à porter ses regards vers les fines créatrices, à les juger en leur honte exaltante et à aimer en retour. La chaîne est formée; le courant passe; dans ce jeu d'effluves montants et descendants, quelle place pour la douleur révoltée ou cha­grine ?

 

La douleur, comme la joie, est une collabo­ration. L'une et l'autre s'égalent. L'une appelle l'autre ainsi qu'un écho. « Je surabonde de joie au milieu de mes tribulations », écrivait Paul. Il est joyeux, parce que sa vie, elle aussi, « sura­bonde », parce que le travail où il s'exténue est un grand œuvre d'édification, c'est-à-dire de construction spirituelle dans l'amour, et que ses tribulations apparaissent à son esprit de foi comme l'élément principal de la tâche.

 

Agir, pâtir, prouvent tous deux l'amour, mais combien plus sûrement pâtir! Agir répond à nos instincts; souffrir les opprime: travaillant contre soi, on est plus sûr de servir purement.

 

« Dans la voie de l'amour, dit le poète persan, la souffrance est une joie, la douleur un soutien. Que le cœur désireux de guérir soit blessé da­vantage ». Novalis écrivait : « Lorsqu'on fuit la douleur,  c'est qu'on ne veut plus aimer.» Et sainte Catherine de Sienne, parlant d'elle-même, disait : « Elle se délecte dans ses peines, et la mesure de ses peines est la mesure de sa joie. »

 

Il est vrai que les parfaits seuls sont à la hauteur de tels jugements et surtout de passions si sur­humaines. Il y a là du héros. Mais le vrai sens de la vie, avons-nous dû reconnaître, c'est le héros qui le conçoit. Pour nous, faibles cœurs, la souffrance par amour est une douceur qui nous épouvante, comme ces rosés qu'un homme des glaces n'osait toucher, de peur de se brûler les doigts. Que notre amour s'accroisse, il trouvera sa loi, comme l'ont trouvée les êtres sublimes. Il estimera toute simple l'exclamation de Thérèse d'Avila : « Ou souffrir, ou mourir »; ou bien servir l'Amour, ou bien le rejoindre. Bien mieux, consentir à ne jamais le rejoindre, afin de le mieux servir : « Toujours souffrir et ne jamais mourir. »

 

Que l'humble chrétien étranger à ces outrances cornéliennes sache du moins ceci : la douleur trouve dans la pensée et dans l'amour de Dieu des compensations merveilleuses. Des tristes sentiers de ce monde, l’amour sait faire une route inondée de soleil.

 

 

Extrait de : RECUEILLEMENT. Œuvre de A. D. Sertillages O.P. (1935)

 

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