Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 14:32

C. —  LE TÉMOIGNAGE DE LA THÉOLOGIE.

Les théologiens ont sans cesse insisté sur le rôle néfaste du démon, dont l'origine remonte au commen­cement du monde, quand Ève introduisit le péché dans le monde.

 

Le Concile de Trente énonce qu'à la suite du péché originel, les hommes furent faits esclaves du démon, prince de ce monde et de la mort et les Pères même du Concile insistent sur l'hostilité permanente qui met aux prises le genre humain tout entier avec Satan. — Celui-ci ne cesse de tenter le monde.

 

Déjà saint Augustin avait brossé un tableau de l'univers où se manifestait l'opposition entre le corps mystique du Christ et le corps mystique du diable (Cf.  R.   P.   Mersch,   S.   J.,  Le  Corps Mystique  du  Christ, t. 11 (Bruxelles, Ed. Universelle,  1936), p. 30, note 2.)

.

 

Saint Grégoire également parlait des païens et des pécheurs comme des membres du corps diabo­lique (id., p. 405.). Il déclare, par exemple : « Certes, le diable est la tête de tous les méchants, et tous les pécheurs sont membres de cette tête. Pilate ne fut-il pas membre du diable ? Pourquoi donc les Juifs persécuteurs et les soldats qui ont crucifié le Christ ne seraient-ils pas membres du diable ? » (Hom. XVI, 25.).

 

Saint Thomas nous montre de son côté, que le démon est à la tête de tous les méchants et qu'il exerce sur le corps de péché un réel gouvernement extérieur analogue à celui qu'un prince terrestre exerce sur la multitude qui lui est soumise. Pour reprendre l'expression de Job (Job XLI, a. 7.)  ; « Satan est le Roi de tous les fils d'orgueil ». On entre dans ce royaume par le péché.

 

1. L'Action  diabolique.

 

Le péché du démon consiste à vouloir imiter Dieu, à vouloir s'attribuer la maîtrise souveraine sur toute chose ;  c'est là le  propre de l'orgueil.

 

Aussi le démon tente-t-il d'organiser le monde afin que les hommes pèchent par envie.

 

Toutefois, le diable n'a pas un pouvoir déterminant sur les hommes ; et il n'est pas, au sens strict, cause de péché. Mais il brûle le cœur des hommes par des désirs, il rôde à 1’extérieur, autour des hommes pour les exciter, les tromper, les persuader, les inviter, les tenter.

 

Il jouit d'une force qui dispose l’homme au péché. Il suffit de relire le récit de la chute d Ève pour voir la tactique suivie par Satan.

 

L'homme garde donc, devant le démon agissant et séduisant, toute sa liberté et par là toute la respon­sabilité de ses actes. Il faut ajouter encore que le démon s'est assuré — depuis le premier péché — la complicité du monde entier, qui est devenu un instrument docile entre ses mains, pour inviter les hommes à le suivre et à s intégrer dans son corps de mort.

 

Voici d ailleurs comment on a pu décrire la genèse de cette action diabolique (Cf. S. thomas, De Malo, 111, a. 3 et 4.) :

 

Au jour de la création, ce ne fut pas seulement un monde visible qui fut appelé à l'existence, mais aussi un monde invisible celui des purs esprits du monde angélique. Comme nos premiers parents, les anges furent aussi créés non pas dans l'état de pure nature, mais dans l'état de surnature. Les anges devaient, comme nos premiers parents, s'approprier par une décision personnelle libre, 1’être et la vie surnaturels. Sous la conduite du premier des anges, que l'Écriture nomme Lucifer, une partie des anges firent défaillance en refusant d'obéir à Dieu. Depuis le moment où le premier péché fut commis, il y a des démons, il y a un enfer.

 

Pas moins qu'Adam, Lucifer ne perdit sa place dans la création de Dieu.

 

D’après la croyance générale, les Anges exercent une souveraineté sur la création placée au-dessous d'eux. Lucifer, comme le premier des purs esprits, possédait une puissance de domination sur tout le reste de la Création.

 

C'est pourquoi le Christ le nomme à bon droit « le prince de ce monde ».

 

Il ressort de l'Évangile selon saint Luc que Lucifer conserva, après la chute, cette position dans l'ordre de la création. Lorsqu'au désert, le démon tenta Nôtre Seigneur, il s'approcha de Lui, en disant : « Je vous donnerai toute cette puissance et toute la gloire de ces royaumes ; car elle m'a été livrée et je la donne à qui je veux » (Luc IV. 6.).

 

Lucifer revendique ici, comme prince de ce monde, son droit à la domination de ce monde et à toutes les richesses de celui-ci. Aussi longtemps que nos premiers parents se trouvaient dans l'état de surnature, ils n'étaient pas soumis au prince de ce monde et pas davantage à la création visible. Ce n'est que si Lucifer réussissait à attirer les premiers parents dans sa chute, que ceux-ci tomberaient sous sa domination. Il ne pouvait cependant pas les faire tomber par une action sur leurs facultés spirituelles. La perception sensible extérieure seule se trouve exposée à son influence. C'est par cette voie qu'il s'attaqua à Adam et Ève. C'est bien ainsi qu'il faut interpréter le récit de la tentation au Para­dis (Gen. III, 1-7).

 

Adam et Ève succombèrent à la tentation. Dans le plein sens du terme, Lucifer devint alors le prince de ce monde.

 

2. La lutte entre le Christ et Satan.

 

Mais dès le début aussi, Satan sentit son empire menacé.

 

Du torrent de la vie humaine, surgit une deuxième Êve qui, par sa conception immaculée, retira au prince de ce monde sa souveraineté. C'était la femme qui, d'après la promesse faite, devait écraser la tête du serpent, du démon. Elle était un mystère pour le démon. Plus mystérieux était l'enfant qu'Elle mit au monde. N'était-il qu'un homme ou était-il plus qu'un homme ? S'il n'était qu'un homme, pure créature, il devait être accessible à la tenta­tion ? La méthode employée auprès des premiers parents devait, ici aussi, mener au but. Il s'attaqua effectivement, pendant la tentation du désert, au même point que, naguère auprès d'Adam : le désir d'égalité avec Dieu. Mais, ici, il fut repoussé. Toute­fois il n’abandonna pas son jeu. Il commença le siège de l'Homme Dieu et ceci représente un aspect tragique dans la vie du Christ. Il attisa lentement l'envie, la jalousie, la haine des Juifs. Finalement, il s'empara de l'un du cercle immédiat du Sauveur, d'un apôtre, de Judas Iscariote. « C'est celui, dit Jésus, à la dernière Cène, auquel je présenterai le pain trempé... Et Il trempa le pain et Il le donna à Judas Iscariote, le fils de Simon. Et après avoir pris ce morceau, Satan entra en lui » (Jean XIII, 26.).

 

Judas livra le Seigneur aux Juifs pour être crucifié. Le prince de ce monde triomphait. L'adversaire haï était supprimé. Et cependant la mort du Christ sur la Croix devint la faillite de Satan.

 

La Préface de la Croix l'exprime de manière telle­ment incomparable : « Vous avez attaché le salut du monde au bois de la Croix afin que de là où surgit la mort ressuscita aussi la Vie et que celui qui triompha par le bois fut aussi vaincu par lui ». Voilà l'accom­plissement : « Le prince de ce monde sera jeté de­hors ».

 

Aussi longtemps, qu'existe le péché originel et ses suites, la domination du prince de ce monde n'est pas interrompue. Le baptême efface toutefois la tâche du péché originel mais n'en détruit pas les suites.

 

Saint Jean ramène celles-ci à une triple cause, quand il écrit : « Tout, ici-bas, est concupiscence des yeux, concupiscence de la chair et orgueil de la vie » 63). Il y a dans la nature humaine une triple manifestation du trouble maladif héréditaire dans la vie spirituelle : le rapport avec le monde extérieur, avec l'être corporel propre, avec le Moi. Ce trouble maladif n'est pas écarté par le baptême. Il ne peut être vaincu que par l'effort moral tenace et avec l'aide de la grâce divine. Aussi longtemps qu'il existe et partout où il subsiste, un point d'accès reste ouvert au démon par lequel il peut exercer, sur les hommes et le monde, son action malfaisante.

 

Les suites du péché originel sont et demeurent les points de pénétration du démon dans les différents domaines de la vie humaine.

 

Qu'il ne s'agisse pas ici de considérations théologiques peu réalistes, la vie des Saints en témoigne de manière irrécusable, surtout de ceux dont nous avons pu pénétrer profondément la vie toute remplie de grâces mystiques. La vie héroïque des saints éloigne de leur être les suites héréditaires du péché jusqu'à produire leur complète innocuité. L’ordre paradisiaque est rétabli jusqu'à un certain degré, ainsi que l'enseigne le Docteur mystique de l'Église : saint Jean de la Croix.

 

Ce stade de la vie des saints ne peut être atteint que par ce que saint Jean de la Croix appelle la purification passive des sens et de l'esprit.

 

Mais à l'heure où le travail héroïque de l'ascèse humaine atteint les dernières racines des suites du péché originel, il se bute à la résistance la plus opi­niâtre du démon qui défend avec la plus extrême ténacité ses dernières frontières d'accès : l'élément diabolique joue ici son dernier rôle décisif dans la vie des saints.

 

La destinée du Christianisme ici-bas est aussi l'histoire du Satanisme dans ce monde.

 

A SUIVRE

 

http://elogofioupiou.over-blog.com/article-exorcisme-contre-satan-et-ses-anges-edition-1903-leon-xiii-122337872.html

 

Extrait d’une brochure de M. Robert Kothen : L'ACTION SOCIALE DE SATAN

 

elogofioupiou.over-blog.com

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires