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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 02:12

Extrait du volume :

PAUL VI  Maison MAME 1964

G. SCANTAMBURLO

 

Que nos lecteurs veuillent bien excuser ce long rappel historique : il était indispensable pour comprendre et « cadrer » l'œuvre de Mgr Montini à la Secrétairerie d'État, auprès des deux grands papes que furent Pie XI et Pie XII. L'Osservatore Romano n'a-t-il pas écrit que « cette œuvre du substitut puis pro secrétaire d'État Montini ne peut être dissociée de celle des pontifes dont il fut l'intime collabo­rateur, dans une période historique, travaillée par les évé­nements de la guerre et par ses terribles conséquences sur l'humanité tout entière » ?

 

La guerre, en effet mit en lumière les grandes qualités de Mgr Montini, en faisant du Vatican le lieu de rencontre des puissances adverses et en donnant au substitut l'occasion de montrer toute son habileté diplomatique, sa grande pru­dence, sa charité et son esprit d'abnégation. Il reçut la dif­ficile mission d'entretenir et de développer les relations diplo­matiques avec les états, belligérants ou non, les organisa­tions de la Croix Rouge et autres organismes internationaux ou directement, avec les gouvernants et les militaires. Cer­taines situations ne laissèrent pas d'être aussi embarrassantes qu'humoristiques pour Mgr Montini : il se trouva un jour assis entre les ambassadeurs d'Allemagne et d'Angleterre et, pendant toute la durée de la rencontre, évita d'adresser la parole à l'un ou à l'autre pour ne pas donner l'impression que le Saint-Siège favorisait une puissance plutôt que l'autre.

 

Le P. Bevilacqua dit très justement en parlant de cette époque que « le Vatican devenant par la volonté de Pie XII le cœur battant de l'humanité crucifiée, Mgr Montini fut le principal artisan de cette magnifique transformation ».

 

Si nous devions parler plus longuement de ce « cœur battant », il nous faudrait écrire un autre livre et peut-être ne serait-ce pas encore suffisant!

 

Rappelons simplement que Mgr Montini fut le réalisateur de cette légendaire « charité du Pape » qui a sauvé Rome et mille autres villes italiennes de la faim et de la destruction. Le mot d'ordre, donné par Pie XII, et qu'il exécuta scrupu­leusement en fondant la Commission Pontificale d'Assistance était « la charité jusqu'au bout ».

 

Le Saint-Père donna d'abord, personnellement, l'ordre de mettre le Cercle Saint-Pierre en état de satisfaire aux premiers besoins des sinistrés des zones dévastées par la guerre qui affluaient à Rome en troupes interminables et apeurées. L'institution mobilisa et agrandit ses cuisines, les fameux « réfectoires du Pape » et, assistée de différentes congréga­tions religieuses, organisa la distribution de soupes chaudes et de vivres dans toute la ville, privée de gaz, d'électricité, de combustibles et de provisions alimentaires.

 

Puis naquit la Commission pour les Secours, qui étendit au monde entier sans exclusion la charité du Pape. Et si l'on considère l'immensité de la tâche à accomplir, on peut aisé­ment imaginer la somme de travail, d'efforts, de tact et de moyens qui fut nécessaire pour en garantir le fonctionnement normal et l'efficacité.

 

Ce fut ensuite la création de l'O.N.A.R.M.O. qui géra des cantines d'urgence, organisa des abris et des centres de secours, distribua des couvertures et vêtements, et, fut par­tout présent pour soulager les victimes des bombardements.

 

Enfin la Secrétairerie d'État organisa l'Office d'Informations, dont nous avons déjà parlé, sous la dépendance directe du substitut. Deux personnes en furent d'abord chargées : elles étaient 885 à la fin de la guerre, sans parler des organes auxiliaires représentés surtout par des Congrégations de religieuses, les militantes de l'Action Catholique dont

ineffaçables si Rome aussi... devait, pour des motifs de consi­dérations ou de difficultés militaires,... tomber victime de la furie dévastatrice de la guerre. »

 

Entre les deux discours, le quartier populaire de San Lorenzo avait été bombardé le 19 juillet 1943, et, la basilique de Saint-Laurent, l'un des temples les plus vénérables, avait été détruite. Il fut le premier à accourir pour réconforter de son auguste et paternelle présence les blessés et les familles sans abri, et réciter le De profundis, agenouillé par terre, pour les victimes restées sous les décombres fumants. Son vêtement immaculé fut taché de sang et l'on vit son substitut, Mgr Montini, qui l'accompagnait, retenir ses larmes à grand-peine devant l'horrible spectacle.

 

Après les terribles années de guerre, vinrent celles, non moins pénibles et difficiles, de l'après-guerre, de la recons­truction et de la recherche d'une paix juste et honorable.

 

Là aussi Mgr Montini fut aux côtés de Pie XII, se donnant pleinement comme toujours à toutes ces initiatives qui sont aujourd'hui célèbres et florissantes.

 

Toujours attentif à suivre les courants de la pensée sociale catholique, il faisait naître l'Association Catholique des Travailleurs Italiens, pour ramener à l'Église d'une façon vivante, pratique et concrète, ce monde du travail à qui la prédication ne suffisait plus et pour qui il ressentait une attraction particulière; il créa en même temps le Groupement des Femmes Catholiques Italiennes, pour donner à la femme italienne et chrétienne une nouvelle conscience et une nouvelle responsabilité, en accord avec les temps.

 

En 1950, il organisa l'Année Sainte et, en 1953, l'Année Mariale. Deux manifestations grandioses, qui ont requis une surprenante somme de travail. En même temps, il n'était pas question de négliger les devoirs normaux de la Secrétairerie d'État, les contacts avec un épiscopat chargé de problèmes immenses et délicats, conséquence de la guerre à peine terminée, et toujours plus international et composite, à la suite des deux Consistoires de 1946 et 1953.

 

C'est donc à juste titre que Wladimir d'Ormesson a pu affirmer : « Pendant la période de la guerre et de l'après-guerre, Mgr Montini n'a pas cessé pour sa part de faire tout ce qui était humainement possible; et la preuve de son extraordinaire réussite — c'est le plus bel éloge que l'on puisse lui faire — est que partout où on l'a vu, et on l'a vu partout à l'œuvre, il s'est fait non seulement respecter mais aimer.

 

Tous ceux qui ont eu affaire a lui, ont su apprécier cette fine compréhension, cette intuition, cette pénétration, cette exquise délicatesse de sentiments, cette hauteur de vue qui le caractérisent.

 

C'est que toujours on sent vibrer son âme évangélique, derrière les responsabilités de l'homme d'État; c'est que toujours on l'a vu chercher en toutes choses, la note juste et la solution sage et humaine des difficultés qui nous assaillent. »

 

A SUIVRE (le secret…être prêtre)

 

elogofioupiou.com

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