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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 08:47

Les secours de Dieu sont acquis par ceux qui prient…     

Mais la mère est toujours en prières ; n'est-il pas juste que les enfants prient aussi avec elle ?

C'est du reste la doctrine de tous les saints Pères que notre salut se trouve dans la prière.

"L'homme, dit saint Alphonse de Liguori, est tout à fait in­capable d'obtenir son salut par lui-même, puisque Dieu a voulu que tout ce qu'il a et tout ce qu'il peut avoir lui vînt du seul secours de sa grâce. Mais ce secours, Dieu ne l'accorde, suivant sa Providence ordinaire, qu'à celui qui prie." Ces paroles du saint docteur résument l'enseignement commun des théologiens qui sont d'accord sur ce sujet avec les plus grands docteurs de l'Eglise.

" L'humidité est nécessaire aux plantes pour leur garder la fraîcheur et la vie, dit saint Jean Chrysostome ; la prière est encore plus indispensable à notre âme pour la maintenir dans la vie de la grâce et pour la sauver." "La prière, dit encore ce grand Saint, est à notre âme ce que le soleil est au monde : le soleil éclaire, réchauffe, réjouit, donne la vie ; de même la prière éclaire notre entendement, échauffe notre volonté, réjouit notre cœur et donne la vie à notre âme. " Otez le soleil au monde, ce ne sera plus que ténèbres, que glace, que tristesse, qu'ombre de mort ; mais que l'on nous ôte la prière, ce n'est plus qu'obscu­rité dans notre esprit, que glace, qu'amertume dans notre cœur, que crainte et menace de mort dans notre âme. Un chrétien sans la prière est comme un soldat sans armes ; il sera bientôt taillé en pièces par son ennemi ; c'est un aveugle sans guides, il ne sera pas longtemps sans tomber dans quelque précipice ; c'est un oiseau sans ailes, il demeurera toujours sur terre sans pouvoir s'élever vers le ciel.

" Comme le corps ne peut se soutenir sans la nourriture, ainsi l'âme, dit saint Augustin ne peut conserver la vie sans la prière. " Et le même docteur affirme que " celui-là ne saura jamais bien vivre qui ne saura pas bien prier. "

" La prière, dit encore saint Augustin, est la force de l'homme et la faiblesse de Dieu. Par elle, l'homme peut monter au ciel, s'ouvrir un chemin parmi les saints, fendre la foule des anges, forcer les gardes du plus grand des monarques, s'élever jusqu'à son trône, enlever la foudre de ses mains puissantes, la faire des­cendre des hauteurs de sa majesté et de sa gloire infinie jusqu'à nos misères et l'obliger à nous faire miséricorde. "

C'est la même pensée qu'exprimait Tertulien quand il dit : " La prière est une puissance qui commande à Dieu lui-même ; elle triomphe du Tout Puissant. "

" Et le Christ, dit saint Nil, tressaille de joie quand on lui fait violence. "

Saint Thomas ne craint pas de dire que " celui-là est perdu qui ne prie pas. " Saint François d'Assise avait coutume de dire que " sans la prière on ne peut espérer rien de bon de la part d'une âme."

Ce que le soleil est à la nature pour la vivifier, ce que l'air est aux pommes, ce que les armes sont au soldat, le pain à la vie matérielle, l'eau au poisson, l'âme au corps, la prière l'est à l'âme. " La prière dit sainte Thérèse est la porte céleste par où passent les dons du Seigneur. "

Cela nous montre avec une consolante évidence que si chétif que soit l'homme ici-bas, il a cependant sous la main le moyen infaillible de s'élever au dessus de sa condition et d'opérer des merveilles puisqu'il peut s'approprier la force de Dieu par la prière.

C’est ce que nous prouve la conduite de toutes les âmes vrai­ment désireuses d'opérer leur salut et de gagner le ciel. Elles se sont toujours appliquées avec le plus grand soin à la prière dont elles se sont fait une arme puissante.

C'est ce que nous prouve surtout l'admirable conduite des saints, de ces héros du christianisme qui se sont élevés si haut sur les degrés de la perfection et ont fait l'admiration de leur siècle par leur dévouement au service de Dieu et par la grandeur de leurs vertus. C'est la puissance de la prière qui leur a permis de mener une vie admirable qui les a conduits pleins de gloire dans la cour céleste. Tous savaient que, pour sauver une âme, il faut combattre généreusement et vaincre ses ennemis ; car, selon la parole de saint Paul : " Personne n'est couronné s'il n'a com­battu vaillamment ! " (II tim. 11) Et d'un autre côté, il nous est impossible de triompher d'ennemis puissants et nombreux sans le secours de Dieu. Or ce secours nous venant de la prière, il en résulte que la prière est indispensable et que sans elle il n'y a pas de salut." Dieu veut nous donner l'appui de ses grâces, dit saint Augustin, mais il ne le donne qu'à celui qui l'invoque.

Tous les saints ont compris que ce ne sont pas les efforts et les industries de l'homme qui convertissent, mais la grâce de Dieu, laquelle s'obtient surtout par la prière. Ils comprenaient que la prière est à celui qui veut glorifier Dieu par le salut des âmes, ce que les armes sont au soldat, et qu'on avance plus la conversion des pécheurs, la sanctification des justes, l'œuvre de la rédemp­tion, en s'adressant directement à Jésus-Christ qui seul a la clef des cœurs pour les ouvrir à la grâce, que par n'importe quel autre moyen. Aussi quelles longues heures n'ont pas consacrées à la prière ! Lorsqu'ils ne pouvaient pas converser à loisir avec Dieu pendant le jour, absorbés qu'ils étaient par les exigences d'un ministère ou d'un travail incessant, ils le faisaient pendant la nuit.

C'est même ce que prouve la conduite des hommes les plus indifférents, même de ceux qui se proclament impies. Que faut-il pour réveiller en eux l'instinct de la prière ? Que faut-il pour ramener sur les lèvres les accents, le langage de la prière ? Un simple accident, un malheur subit, la nouvelle d'un trépas imprévu, un grand danger, une catastrophe, quelque chose enfin qui les mette face à face avec la mort et qui les rappelle au sentiment de leur petitesse et de leur impuisance. Cela s'est vu en tout temps et cela s'est vu quelquefois au prix des plus étranges contradictions.

En 1795, Voleny, le trop fameux auteur des Ruines, s'embar­quait au Havre pour New York. Le navire qui le portait fut as­sailli par une affreuse tempête, il faillit être englouti. L'impiété du prétendu philosophe se démentit en cette occasion, et lui qui n'avait pas rougi d'écrire deux ans auparavant que "la prière était une dépravation de la morale, lui, esprit fort, libre penseur, lui, athée, fut aperçu, pendant l'orage, blotti dans un coin du navire, tenant un chapelet à la main. Il avait aperçu un chapelet et il l'avait saisi, il en avait armé ses mains et son cœur, il priait." Et après que l'orage fut passé, comme quelques passagers lui témoignaient leur surprise: "Messieurs, dit-il, on est athée au coin de son feu ; on ne l'est plus quand la foudre gronde et entr'ouvre des abîmes.'’

Que d'aveux sont tombés des lèvres d'autres grands hommes, revenus de leurs égarements ! Que ceux qui ne veulent connaître les angoisses et les luttes qui ont précédé leur retour imitent ces chrétiens plus généreux et plus glorieux tout à la fois qui ont demandé dès leur jeunesse un appui à la prière contre leur infir­mité naturelle, pour n'être pas obligé de recourir plus tard à elle après de lamentables chutes. Le siècle dernier nous fournit de nombreux modèles de ces dignes fils de l'Eglise.

C'est O'Connel, qui, au milieu des travaux sans nombre de son apostolat politique, assistait chaque jour à la messe, communiait souvent la semaine et répétait le Souvenez-vous avec la ferveur d'un religieux.

C'est Ampère qu'on surprenait parfois, agenouillé dans un coin de l'église, récitant pieusement son chapelet.

C'est Récamier qui poussa bien plus loin cette tendre dévotion à la Sainte Vierge et déclarait lui-même multiplier chaque jour les Ave Maria dans ses courses, en voiture, dans sa chambre et par­tout.

C'est Drouot dont Lacordaire a pu dire : " La prière jail­lissait de son cœur avec une onction qui a été plus d'une fois remarquée. Un jeune artiste introduit furtivement dans sa chambre pour recueillir ses traits, vit l'illustre aveugle, qui se croyait seul avec Dieu, lever à plusieurs reprises ses mains vers le ciel dans un épanchement religieux, attesté sur sa noble figure par l'illumination d'une joie divine. "

C'est Ozanam qui s'écriait dans l'élan de sa foi : " O vous à qui la prière semble un hom­mage inutile, regardez et voyez tous ces peuples à genoux devant leur Dieu ; entendez ce concert immense, cette vaste harmonie qui monte vers le ciel. Au milieu du silence de la nature, l'intel­ligence de l'homme s'élève seule, mais elle s'élève vers le Tout Puissant. Ainsi l'homme, le roi de la création, en est en quelque sorte le pontife ; il la représente devant Dieu quand il prie. " La prière est donc le cri naturel de l'âme humaine.

Un fils se plaît dans la société de ses parents ; il aime à s'entre­tenir avec eux ; il leur témoigne toutes sortes de prévenances ; il ne s'épargne pas quand il peut leur rendre quelque service ; il les aide dans leurs travaux et les console dans leurs peines ; à aucun prix il ne voudrait les contrister, même par une légère offense. Si quelque faute lui échappe, il s'empresse d'en exprimer du regret et de solliciter un pardon.

Que cette conduite d'un fils envers son père soit donc la nôtre à l'égard de notre Père du ciel. Aimons à prier ; efforçons-nous de nous rendre agréables à Dieu par la pratique de toutes les ver­tus ; que la prière tienne une grande place dans notre vie. Elle établira un mystérieux commerce entre la créature et le Créateur, entre la faiblesse et la puissance, entre l'indigence et l'Auteur de tout bien.

La prière est une puissance dont nous pouvons disposer en toute circonstance ; elle est une arme qui assure la victoire dans l'épreuve de la tentation. La persévérance finale est accordée à la prière et les biens temporels eux-mêmes ne sont pas refusés, s'ils sont utiles pour le salut. Ne pas prier c'est donc méconnaî­tre un devoir et méconnaître ses plus graves intérêts. Combien de grâces perdues pour n'avoir pas été sollicitées ? Que de fautes commises parce qu'on omet de recourir à la prière !

On a dit que la prière était la respiration de l'âme ; nulle image ne saurait en donner une idée plus nette et plus fidèle.

Quand on respire, dans ce va-et-vient de la poitrine qui s'ouvre à l'air pur, tour à tour nous exhalons les gaz délétères et aspirons le gaz vivifiant dans lequel toute vie terrestre est plongée.

De même, par la prière, notre âme exhale ses misères ; cha­grins, besoins, péchés ; puis elle attire en elle la grâce qui la ranime ; la bénédiction qui la console, la miséricorde qui l'ab­sout.

Prions donc ; la prière est le point d'appui de l'impuissance et le secours de ceux qui manquent de tout secours humain ; elle est la flèche rapide et sure qui ouvre le cœur de Dieu et qui fait couler de cette source divine Fondée sanglante de la grâce.

Celui qui ne prie pas, manquant de cette fécondante rosée, se desséchera comme cette jeune tige que l'eau du ciel ne vient pas vivifier ; il ne portera ni rieurs ni fruits ; bien plus, celui qui ne prie pas est déjà mort devant Dieu.

La prière ouvrira le ciel sur notre vie ; elle épanchera la lumière qui éclairera nos pas ; l'aliment qui nourrira notre vertu, la céleste pluie qui fécondera nos travaux, l'huile sacrée qui adou­cira nos douleurs et fermera nos blessures.

Extrait de : La Prière - Olivier Elzéar Mathieu. Archevêque de Régina   (1925)

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