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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

20 mars 2017 1 20 /03 /mars /2017 10:18

    L’ÉGOTISME

L’ÉGOTISME est le mensonge en action : il suppose que les fantaisies, les passions et les désirs instinctifs de l'égotiste ont un droit de priorité sur la loi morale, sur la fraternité des autres êtres humains et sur la volonté même de Dieu. L'égotiste est comme un balan­cier qui affirmerait ses droits contre ceux de la pen­dule, ou comme un nuage en rébellion contre le ciel, ou comme un bras qui s'acharnerait à ignorer le corps dont il fait partie. Comme il ne fait que ce que lui inspirent ses propres aspirations égoïstes, l'égotiste finit par détester tout ce qu'il fait. Il est comme l'enfant qui se lamente, dans une école progressiste : « Suis-je vraiment obligé de faire tout ce dont j'ai envie ? »

On en arrive ainsi, parfois, à se haïr soi-même. Le petit garçon qui a dévoré toute la crème glacée pré­parée pour l'ensemble de la famille en vient à haïr jusqu'à la seule vue de cette sorte de crème glacée; mêlé à cette haine de l'aliment, proprement animale et « conditionnée », il y a le dégoût moral que le petit garçon éprouve pour lui-même, parce qu'il a commis le péché de gourmandise. Cette haine de soi, c'est le châtiment moral qui nous est infligé pour notre glou­tonnerie, exactement comme l'aversion pour la crème glacée est l'effet physique, animal, de la même infrac­tion.

Les hommes qui éprouvent jusqu'à la nausée ce dégoût de soi, se frappent instinctivement la poitrine, comme pour chasser le mal de la citadelle intérieure de leur âme. Les athées sont plus enclins que les croyants à ce sentiment ; comme ils n'admettent pas la miséricorde et l'amour de Dieu qui nous en guérira, ils poussent parfois le dégoût que leur inspire leur personne jusqu'au stade final du suicide. L'auto destruction est une projection, un reflet extérieur de la tragédie intérieure au cours de laquelle le petit moi a défié tout ce qui était plus grand que lui et en est arrivé, épuisé par les effets de cette rébellion, à une haine anormale de la vie. Saint Pierre et Judas se sont l'un et l'autre insurgés contre la vie lorsqu'ils ont renié Nôtre-Seigneur ; l'un et l'autre avaient été mis en garde contre une pareille révolte ; l'un et l'autre ont été appelés des « démons » en raison de leur crime ; et l'un et l'autre se sont repentis. Mais Judas s'est « repenti en lui-même », il a dressé son propre moi contre sa propre personne dans les vaines souffrances du désespoir. Saint Pierre, lui, s'est repenti dans le sein du Seigneur, il s'est délivré du mal par son humilité et il a retrouvé la joie.

C'est seulement en subordonnant le moi à quelque chose qui est plus élevé que le moi que l'on peut se guérir du désespoir ; car cette humilité débarrasse l'âme à la fois de l'orgueil et du jugement personnel, elle fait place nette pour l'afflux de la Vérité et de l'Amour divins. « Quiconque s'abaisse sera élevé ; et quiconque s'élève sera abaissé »... Mais la haine de soi est l'exaltation du moi dont on fait un juge amer et sans appel. Tant que l'écriteau « A louer » reste accroché à une âme pleine de préoccupations égoïstes, le Divin Locataire ne peut pas emménager.

On trouve un moyen d'éprouver l'authenticité de l'humilité dans notre attitude à l'égard des flat­teurs. Quiconque aime la publicité est un orgueilleux qui cherche à se justifier devant les hommes ; l'homme humble, lui, rapporte toutes les louanges à Dieu. S'il a des dons, il sait que c'est Dieu qui les lui a octroyés et qu'ils doivent être utilisés à servir leur véritable Maître. Il est comme une fenêtre qui se satisfait de laisser les rayons de soleil du Bon Dieu la traverser, sans que l'envie la prenne de prétendre que la lumière est sa propre création. Un homme humble accepte tout à la fois les louanges et les blâmes comme des dons de Dieu : l'amertume et la douceur sont envoyées l'une et l'autre par Celui qui est amour. Comme le disait Job : « Le Seigneur m'a tout donné, le Seigneur m'a tout repris. Loué soit le Seigneur ! »

L'égotiste, en revanche, n'arrive pas à s'oublier, même s'il a conscience de sa propre petitesse et qu'il en souffre : il croit possible de dissimuler cette infé­riorité en se vantant sans arrêt lui-même. L'homme humble s'est abandonné à Dieu ; il est préservé du désespoir, car il sait qu'il est aimé par l'Amour lui-même. L'égotiste se plaint constamment de ce que les autres ne l'aiment pas assez ; il n'arrive pas à comprendre qu'il en est ainsi, parce qu'il a fait de sa personne le centre de l'univers. Ses malheurs — comme presque toutes les autres formes de l'infortune — viennent d'un refus entêté de renoncer à sa propre obstination.

Nos meilleurs moments sont ceux où nous nous oublions pour être aimable avec autrui. Ces menus instants d'abdication sont des actes d'humilité authen­tique : l'homme qui s'abandonne se trouve, et il trouve son bonheur.

La haine de soi et le désespoir sont des maladies auxquelles seuls les égotistes sont prédisposés. Le remède à ces maux est toujours le même : l'humilité. Et cela signifie qu'il faut aimer Dieu plus que nous-mêmes.

Extrait de : LE CHEMIN DU BONHEUR  (Mgr fulton J. sheen)

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