Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 23:08

On entend dire parfois par certaines personnes pieuses: « La piété doit s'accommoder au temps où nous vivons; nous ne sommes plus  au moyen  âge ; on ne  peut plus  se rendre ridicule.   En  exagérant les pratiques  extérieures, les mortifications, l'éloignement du monde, on discrédite la religion, on provoque les critiques des indifférents, on les détourne de revenir à Dieu. Il faut se faire une piété appropriée à notre époque et à notre entourage » etc. etc. Que faut-il penser de ce raisonnement et de cette manière du  voir ?

 

Il y a là un peu de vrai et beaucoup de faux ; un peu bon et beaucoup de suspect. Sans doute, on ne doit rien exagérer, et on doit d'autre part tâcher de ne pas effaroucher les mondains en affichant une dévotion hautaine et intransigeante ; mais l'esprit de l'Évangile ne peut être ni altéré ni amoindri, et les pratiques recommandées par la sainte Église sont à observer sans souci de ce que les incré­dules penseront. Fais ce que dois, advienne que pourra. Examinons de plus près la situation.

 

Ces pratiques ne sont pas, par elles-mêmes, la piété, la fer­veur ; mais elles l'alimentent et la soutiennent. Elles peuvent être suppléées plus ou moins heureusement par diverses autres ressources, c'est vrai ; mais leur emploi judicieux de­meure néanmoins la règle sûre. Sans doute l'union habituelle à Dieu les contient éminemment ; mais cette union, sans leur secours, se maintiendra-t-elle au milieu de tant d'éléments contraires ? Pure illusion !

 

La question que nous avons à examiner est celle-ci : De nos jours, fait-on aux exercices de piété leur juste part, et n'est-on pas porté à les sacrifier trop facilement ?

 

La tendance contraire régnait autrefois. Saint François de Sales la combattit victorieusement. Il ne le fit pas en se jetant du côté opposé, comme font les esprits mal pondérés, mais en déduisant des principes les plus vrais les règles les plus sages. On ne saurait lui reprocher d'avoir introduit la moindre cause de relâchement. Ce qu'il demande est important, parfois difficile à pratiquer ; mais il y porte puissamment les âmes par sa douceur, ses ménagements, sa parole toujours encourageante.

 

Au contraire, que remarquons-nous aujourd'hui dans l'ensemble des personnes pieuses ? Moins de temps donné à l'oraison et aux prières ; moins de pratiques de mortifica­tion ; moins d'affirmation de leur foi.

 

Ces diminutions trouvent une certaine excuse dans l'é­tat même des choses. La vie est bien plus agitée, bien plus absorbée ; les santés sont moins fortes et les habitudes plus délicates ; l'indifférence et l'hostilité nous envahissent !

 

Mais ne cède-t-on pas trop à ces influences, et la ferveur se sauvegarde-t-elle assez elle-même ? Sous la pression de circonstances défavorables, gardons-nous la saine ap­préciation des nécessités, la juste mesure des concessions!  Nous voyons bien ce qui est abandonné ; nous ne voyons pas trop ce qui le remplace, ou ce qui le remplace est trop extérieur, trop superficiel.

 

1° Vous avez peu de temps, trouvez-vous ; mais direz-vous sérieusement que quelques quarts d'heure consacrés à votre âme laisseraient en souffrance vos devoirs d'état ? Que de conversations plus longues et inutiles ! Que d'oc­cupations sans valeur ou dont on pourrait se décharger ! Telle personne aisée se privera de toute liberté pour éviter de minimes dépenses : il semble que le soin de l'âme ne doit rien coûter et venir après tous les autres !

 

2° Telle mortification est-elle vraiment un danger pour votre santé ? Avez-vous essayé, avec conviction d'abord, avec persévérance ensuite ? Si l'on s'y met a contre cœur et avec la persuasion qu'on en sera fatigué, on le sera pres­que infailliblement ; car le moral influe étrangement sur le physique. Du moins est-il toujours possible de se dédom­mager par ces mortifications de détail, la santé n'a rien à voir.

 

3° Qu'il soit juste de se montrer condescendante, c'est incontestable. La vraie charité est douce, même aux infir­mités morales. Mais la prudence enseigne que douceur n'est pas faiblesse ; et l'expérience montre qu'à céder constamment on se rend esclave sans profit pour les autres. Subordonner est sage, sacrifier ne l'est pas. Il semble qu'on n'ait d'autre soin à prendre que celui de dissimuler sa foi ;  grande erreur et qui trop souvent dégénère en capitulation, et en trahison !

 

Renoncer à ses préférences et à ses goûts, quand il s'agit de choses de ce monde ; prévenir les désirs des autres ; ne pas contredire ; ne pas se plaindre ; s'oublier enfin : voilà qui est vertueux et qui accrédite. Mais renoncer aux moyens soutient la vertu, n'est-ce pas l'exposer elle-même? Et certes on a bien le droit de se maintenir sur ce terrain de sages exigences, tandis que l'on s'immole sur tous les autres ?

 

Et ce n'est pas notre bien personnel qui en profiterait seul ! Il se dégage de notre douce insistance, de nos pratiques surprises ou devinées, une influence religieuse qui agit secrètement sur l'entourage, fût-il hostile. On craint de s'éloigner de la religion en laissant voir qu'on la pratique ; mais rien ne tient plus sûrement éloigné d'elle que l'indifférence et, par  cette maladroite réserve, on l'entretient.

 

Chez telle personne qui se récrie et s'irrite, la préoccupation des choses de la foi prend de la consistance. C'est l'expérience qui le prouve : mieux vaut l'hostilité que l'oubli.

 

Sacrifiez donc, s'il le faut, ce dont l'omission ne compro­met rien, mais imposez doucement ce qui alimente la vie de l'âme et corrobore par surcroît votre autorité.

 

28 avril-FÊTE : Saint Paul de la Croix, fondateur d'ordre.

 

Les quatre-vingt-un ans de la vie de saint Paul de la Croix furent comme la reproduction de la vie souf­frante et de la Passion de Notre-Seigneur.

 

Dans son en­fance, un banc très lourd lui tomba sur le pied pendant qu'il priait à l'église. Sans prendre garde au sang qui coulait de sa blessure, le saint enfant s'écria plein de joie : « C'est une rosé que Dieu m'envoie ».

Dans l'espoir de mourir pour la religion, Paul s'enrôla dans une croisade contre les Turcs, mais une voix sortie du Tabernacle lui fit connaître qu'il ne devait servir que Jésus-Christ, et qu'il était destiné à fonder une congrégation en son honneur.

 

Sur l'ordre d'un évêque, et bien que simple laïque, il se mit à prêcher la Passion du Sauveur, et les croix qui vinrent l'éprouver ne tardèrent pas à montrer la réalité de sa vocation. Pen­dant cinquante années de saints travaux et d'épreuves continuelles, Paul ne cessa jamais de voir et de vénérer partout les marques de l'amour de Jésus-Christ.

 

Extrait de : LECTURES MÉDITÉES (1933)

 

elogofioupiou.over-blog.com

Partager cet article
Repost0

commentaires