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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

6 août 2013 2 06 /08 /août /2013 23:19

 

Une personne occupée des soins de son ménage peut-elle trouver le temps de prier… 

                                 

Pour  répondre à cette question, nous ne pouvons mieux faire que de citer quelques pages des Mémoires d'une mère de famille, pages aussi suggestives que chrétiennes.

 

« Élevée  dans  l'austérité  de la foi  catholique,  j'aimais naturellement la prière et les exercices religieux. A ne con­sulter que mes goûts, j'eusse volontiers consacré une bonne partie de mon temps à méditer, à lire des livres de piété, à adorer Dieu dans son temple. Je ne sais quel attrait m'en­traînait de ce côté-là ; et si parfois le travail avait pour moi un côté déplaisant, c'était précisément en ce qu'il m'empê­chait de prier, d'aller à l'église, autant que je l'aurais voulu.

 

J'en parlai plus d'une fois à mon confesseur ; mais toujours ce bon prêtre sut me remettre et me consoler. « Les vocations  ne sont pas les mêmes», me disait-il ; par conséquent les devoirs varient. Autre chose est d'être religieuse, autre chose » est d'Être la femme d'un laboureur. Autant une sœur dans un couvent serait blâmable de livrer à des occupations profanes le temps qu'elle doit à ses exercices de piété, autant vous seriez déraisonnable de passer vos journées à l'église, pendant que votre mari a besoin de votre aide, ou que vos enfants et votre ménage réclament vos soins. Votre place est à côté de votre époux, ou dans la maison au milieu de vos enfants.

 

La bonne prière pour vous est de remplir vos devoirs avec douceur, force et patience. Je réserve, bien entendu, que vous faites exactement vos prières du matin et du soir, et que vous assistez aux offices du dimanche. Après cela, qui vous empêche d'élever souvent votre cœur vers Dieu, et de lui offrir, par de courtes et fréquentes aspirations, vos travaux et vos peines ?

 

Cette sainte habitude fera de votre vie une prière continuelle. Et comme vos occupations sont variées et distrayantes, prenez pour règle de rattacher la pensée de Dieu à des objets, à des lieux qui vous sont familiers, y traçant même des signes particuliers qui vous  rappelleront sa présence, et provoqueront votre cœur à  s'élever vers lui.

 

Un vieux proverbe disait : «Qui travaille prie ». Appliquez-le-vous ; mais en vous souvenant que le « travail n'est une prière qu'autant qu'il est fait pour Dieu et sous l'œil de Dieu. »

 

Je tâchais de conformer ma vie à ces sages avis. Ainsi, quel­que pressée que je fusse de me mettre à l'œuvre, je ne faisais rien avant d'avoir offert à Dieu ma prière du matin. Je sais combien de femmes se dispensent de ce devoir, sous prétexte que le temps leur manque ; pour mon compte, j'ai toujours cru avoir le temps de rendre mes hommages à mon Créateur, et de travailler au salut de mon âme.

 

Ah ! Si Dieu avait tous les moments qu'on perd chaque jour ! Je mettais la même importance à faire faire la prière à tous mes enfants ; c'est là un devoir impérieux, sacré pour une mère ; c'est à elle à former ces jeunes cœurs à la piété ; elle serait certainement responsable si, par sa coupable négligence, elle les laissait croupir dans l'abandon de leurs devoirs.

 

Le soir, la prière se faisait en commun ; c'était une heureuse habitude que j'avais contractée chez mon père ; je n'aurais pas dormi tranquille, si on n'y eût satisfait. Me conformant ensuite au conseil de mon confesseur, j'avais pris la résolution de faire une aspira­tion, un acte de foi, ou d'espérance, ou d'amour, ou de con­trition, etc., chaque fois que j'entrerais dans tel lieu, que je commencerais telle action, que je verrais tel objet. Cette pra­tique, d'abord pénible, me devint ensuite tellement fami­lière, tellement facile, qu'elle se présentait à mon esprit d'elle-même et sans le moindre effort. Vraiment, il suffit d'une bonne volonté pour faire bien des choses qui, au premier abord, sembleraient impossibles.

 

Chaque fois que le temps me le permettait, je ne manquais pas d'assister à la messe en semaine ; et cela arrivait encore assez souvent, parce que je prenais mes mesures en conséquence. Hélas ! ce grand acte de la religion, le plus su­blime et le plus fructueux sans contredit, est à peu près uni­versellement délaissé ! Maintes et maintes fois, il m'est arrivé d'être seule à la messe avec le célébrant. Je songeais alors à ce verset du dernier Évangile selon saint Jean : « Il est venu dans son propre domaine, et les siens l'ont méconnu ! »

 

Je sais toutes les objections que vous pouvez faire : Vous n'avez pas le temps, vos occupations ne vous permettent pas d'assister au saint sacrifice ; etc. Je connais par expérience ce qu'il y a là de vrai ; mais je sais aussi avec quelle complaisance on se l'exagère.

 

Combien de fois ne vous ai-je pas vues, commérant ensemble, vous entretenant des rumeurs du village, dé­chirant parfois la réputation de votre prochain ? La messe sonnait, et nulle de vous ne songeait à y aller. Était-ce le temps ou la bonne volonté qui vous manquait ?

 

Eh bien ! Je trouve que mon père avait raison : on devrait se faire une loi d'envoyer chaque jour un membre de la famille à la messe, pour y représenter les siens, et il est bien triste de penser que pour une foule de femmes, la messe est le dernier de leurs soucis !

 

Mais ma grande ressource, celle, je dois l'avouer, où j'ai surtout puisé la force nécessaire pour accomplir mes devoirs, c'était la fréquentation des sacrements.

 

Ici encore, on objecte le défaut de temps, la multitude des occupations. Ah ! Est-il un meilleur emploi du temps, une plus utile occupation que celle d'aller confesser ses fautes, et recevoir son Dieu à la Ta­ble sainte ?

 

Ce n'est que là qu'on s'affranchit un peu de son fardeau de misères quotidiennes ; là, on se ranime ; là, on re­trouve des forces ; là, on se retrempe pour reprendre sa route ; là, on puise lumière et conseil pour accomplir sa tâche. Si Jé­sus-Christ appelle à lui «ceux qui sont accablés », à qui ses pa­roles s'adressent-elles, sinon à nous, qui avons une si large part dans les tris­tesses et les fatigues de cet exil? 

 

Qui doit être plus pressé que nous de recourir à cette fontaine vivante de force et de consolation ? Et pourtant, nul ne s'en excuse, nul ne s'en éloigne plus volontiers que nous. C'est une remarque que j'ai faite bien des fois : l'on abandonne souvent, étant mariée, les pratiques pieuses que l'on observait fidèlement étant jeune fille.

 

Telle a été, pendant longtemps, l'ornement de son sexe et l'édification de la paroisse, qui, une fois engagée dans le mariage, devient tout à coup aussi indifférente qu'elle était pieuse, aussi négligente qu'elle était fidèle, sans qu'on puisse s'expliquer cela autrement que par cette manie de s'embarras­ser dans ses propres occupations, de s'adonner trop exclu­sivement a nos travaux quotidiens; comme si la destination ultérieure eût subitement changé, et que l'on ne fût plus créée que pour le travail, et non pour sauver son âme !...

 

Voilà ce que j'appelle un abus, et d'autant plus terrible, je le répète, qu'une mère est l'intermédiaire naturel entre Dieu et sa famille. Qu'on s'étonne, après cela, du désordre qui règne trop souvent dans le sein d'un ménage ; moi, je m'éton­nerais que pour la plupart, il en fût autrement. Si le bon Dieu ne bâtit pas la maison, c'est-à-dire s'il n'affermit pas lui-même la pierre angulaire, qui est la femme, à quoi sert tout le reste ?

 

Où tendent tous ces travaux, toute cette activité, ce mouvement perpétuel, ces soucis du jour et de la nuit, si le ciel ne les féconde ?

 

 L'industrie humaine espère-t-elle se passer du secours d'en haut ? Une femme aura-t-elle la présomption de remplacer la Providence ? Ce serait une bien grande folie. Et pourtant on dirait que c'est là la pensée d'un grand nombre : tant elles se mettent peu en peine de se rendre Dieu propice. C'est à elles que le Seigneur répète, et à bon droit, ces paroles qu'il adressait jadis à Marthe : « Vous vous donnez beaucoup de soucis, et pourtant une seule chose est nécessaire. »

 

Oui, vous vous tourmentez fort, pau­vres mères, pour pourvoir aux besoins de votre famille ; vous avez mille inquiétudes sur le présent et sur l'avenir, et vous oubliez la chose principale, la seule nécessaire : le salut de votre âme, et, par suite, le salut de vos enfants.

 

Ah ! Croyez-en ma vieille expérience: personne, ici-bas, n'a plus besoin des secours de Dieu qu'une mère de famille ; personne ne court plus grand risque en négligeant ses devoirs religieux ; car, à sa propre ruine, elle ajoute celle des siens ; et, au lieu de se former en eux une couronne immortelle, elle s'y pré­pare des accusateurs et des juges.

 

Mémoires d'une Mère de famille.

 

 

Extrait de : LECTURES   MÉDITÉES (1933)

 

elogofioupiou.over-blog.com

 

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