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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 10:33
Un jeune impie, après avoir fait rire de lui, n’en demanda pas davantage, il saisit furtivement son chapeau et s’en alla, honteux, dit-on, comme un renard qu’une poule aurait pris…
Voici l’histoire. Il y a quelques années, un jeune homme de province fut envoyé à Paris pour achever ses études ; comme tant d’autres, il eut le malheur de rencontrer de mauvaises compagnies. Ses propres passions, d’accord avec les discours impies de ses camarades, lui firent oublier les leçons de sa pieuse mère et mépriser la Religion.
Il en vint au point de désirer et enfin de dire comme l’insensé dont parle le Prophète : « Il n’y a point de Dieu ; Dieu n’est qu’un mot. » Pour le dire en passant, c’est toujours ainsi que l’incrédulité commence ; c’est une plante qui ne prend racine que dans la fange. Après plusieurs années de séjour dans la capitale, ce jeune homme revint dans sa famille. Un jour il fut invité dans une maison honorable, où se trouvait une nombreuse compagnie.
Pendant que tout le monde s’entretenait de nouvelles, de plaisirs et d’affaires, deux petites filles de douze à treize ans lisaient ensemble, assises dans l’embrasure d’une croisée. Ce jeune homme s’approche et leur dit : Quel roman lisez-vous, Mesdemoiselles, avec tant d’attention ? — Monsieur, nous ne lisons pas de romans. — Pas de romans ! Quel livre lisez-vous donc ? — Nous lisons l’histoire du peuple de Dieu. — L’histoire du peuple de Dieu ! Vous croyez donc, vous autres, qu’il y a un Dieu ?
Étonnées d’une pareille question, les deux petites filles se regardent, la rougeur leur monte au visage. Et vous, Monsieur, ne le croyez-vous pas ? Lui dit vivement la plus âgée. — Je le croyais autrefois, mais depuis que j’ai habité Paris, que j’ai étudié la philosophie, les mathématiques, la politique, je me suis convaincu que Dieu n’est qu’un mot. — Pour moi, Monsieur, je n’ai jamais été à Paris, je n’ai jamais étudié la philosophie ni les mathématiques, ni toutes les belles choses que vous savez, je ne connais que mon Catéchisme ; mais puisque vous êtes si savant et que vous dites qu’il n’y a pas de Dieu, me diriez-vous bien d’où vient un oeuf ?
La jeune fille prononça ces paroles avec assez de force pour être entendue d’une partie des personnes présentes. Quelques unes d’abord s’approchèrent pour savoir de quoi il était question, d’autres les suivirent, enfin toute le groupe se réunit autour de la croisée pour assister à la conversation.
Oui, Monsieur, reprit la jeune personne, puisque vous dites qu’il n’y a point de Dieu, me direz-vous bien d’où vient un œuf ? — Plaisante question ! Un oeuf vient d’une poule. — Et d’où vient une poule ? — Mademoiselle le sait aussi bien que moi, une poule vient d’un oeuf. — Très bien, mais lequel des deux a existé le premier, de l’oeuf ou de la poule ? — Je ne sais vraiment ce que vous voulez dire avec vos oeufs et vos poules ; mais enfin, celle des deux choses qui a existe la première, c’est la poule. — Il y a donc une poule qui n’est pas venue, d’un œuf ? — Ah ! Pardon, Mademoiselle, je ne faisais pas attention, c’est l’oeuf qui a existe le premier. — Il y a donc un oeuf qui n’est pas venu d’une poule ? Répondez, Monsieur. — Ah ! Si… pardon… c’est que…. parce que… voyez-vous…
Ce que je vois, Monsieur, c’est que vous ignorez si c’est l’oeuf qui a existé avant la poule, ou si c’est la poule qui a existé avant l’oeuf. — Eh bien, je dis que c’est la poule. — Soit, il y a donc une poule qui n’est pas venue d’un œuf ; dites-moi maintenant qui a créé cette première poule, d’où sont venues toutes les poules et tous les oeufs ? —Avec vos poules et vos oeufs, vous avez l’air de me prendre pour une fille de basse-cour. — Pardon, Monsieur, je vous prie seulement de me dire d’où est venue la mère de toutes les poules et de tous les oeufs. — Mais enfin… — Puisque vous ne le savez pas, vous me permettrez de vous l’apprendre. Celui qui a créé la première poule ou le premier oeuf, comme vous aimerez le mieux, est le même qui a créé le monde, et cet Être, nous l’appelons Dieu. Comment, Monsieur, vous ne pouvez, sans Dieu, expliquer l’existence d’un oeuf ou d’une poule, et vous prétendriez, sans Dieu, expliquer l’existence de l’Univers ?
Le jeune impie n’en demanda pas davantage, il saisit furtivement son chapeau et s’en alla, honteux, dit-on, comme un renard qu’une poule aurait pris.
Mgr Gaume – Catéchisme de persévérance (1889)
elogofioupiou.over-blog.com

 

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