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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 17:15

 

II.         L'ÉLÉVATION MORALE.

 

Il est une chose dont on ne parle guère — dépassée sans doute — une chose en relation avec cette Loi que l'on mini­mise et la morale dont on n'ose prononcer le nom, c'est l'élé­vation morale.

On entend souvent dire : aimez votre prochain, ayez de l'amitié pour vos voisins, aidez-les, donnez-leur ce qui leur manque, formez avec eux une communauté, mais on n'entend guère d'invitations à l'élévation morale. Rassemblez tous les statuts de tous les groupements et associations de catholiques et cherchez s'il en existe beaucoup qui proposent à leurs membres de s'élever moralement. Pourtant, Ecclesiasm Suam a bien dit que le devoir de l'Église était de « corriger les défauts de ses propres membres et de les faire tendre à une plus grande perfection ».

On est enclin, en ces temps, de faire passer l'apostolat avant l'élévation morale et à s'oublier pour son prochain, parfois en paroles. S'oublier, bien sûr, s'il s'agit du froid, de la faim, de la misère, voire même du sacrifice de sa vie, mais l'homme ne doit jamais oublier son âme. C'est là que, selon saint Thomas, charité bien ordonnée commence par soi-même, étant entendu que ce que je ferai pour sauver l'âme de mon prochain servira au salut de la mienne. Mais je dois d'abord m'élever, sans quoi je ne pourrai rayon­ner. L'image est éloquente, exprimant que le juste s'élè­vera comme le palmier et s'étendra comme le cèdre du Liban.     

Apprenons donc à nager avant de vouloir nous élancer au secours de ceux qui se noient.

Mais allons au fond des choses. Qu'est-ce qui ne va pas, chez les catholiques, en dehors de ce néo-modernisme qui nous divise ? Ce qui ne va pas, c'est que nous n'arrivons pas à nous aimer comme le voudrait le Christ. Il y a maintes raisons a cela, mais il y a surtout que nous sommes pleins d'imperfections. Nous déplaisons à notre voisin parce qu'il n'aime pas nos défauts, et nous sommes poussés à l'éviter à cause de ses travers. La société est ainsi jalonnée de bar­rières, d'écrans qui tomberont pour peu que nous fassions un effort vers la perfection. Sans ces efforts réciproques, « aimez-vous les uns les autres » sera difficilement réali­sable. Tant que les hommes ne s'élèveront pas, tous les efforts qu'ils feront pour s'unir seront vains car ils ne pro­duiront que des changements superficiels, tels le tutoie­ment, l'emploi du seul prénom, la familiarité, etc.

La question ne doit pas être vue seulement à l'intérieur du catholicisme, mais aussi à l'extérieur. Voici déjà des années qu'au cours d'une audience publique du mercredi, S.S. Paul VI a cité le témoignage d'une convertie qui expri­mait son aversion pour l'Église à cause de ceux qui la compo­sent. Elle connaissait tant de catholiques pleutres, amorphes, indifférents aux injustices qui se passaient sous leurs yeux,... et ceci conduisait le Saint-Père à déplorer que l'Église ne soit pas belle, rayonnante, parlante, à cause de ses enfants qui ne sont pas exemplaires et ne vivent pas en vrais chrétiens.

Si ceux qui ont l'honneur de porter le titre de catholique se donnaient la peine de regarder humblement en eux-mêmes et s'ils s'efforçaient de se corriger de leurs défauts, ceux qui vivent en dehors de l'Église et qui les observent, les regarderaient moins sévèrement, avec plus de sympathie. Par contrecoup leur éventuelle aversion pour l'Église du Christ s'en trouverait diminuée.

Ajoutons à cela que si l'homme fait un effort pour s'éle­ver, se rapprochant ainsi de son prochain, il se rapprochera de Dieu et inversement. L'image qui suit est parlante. Dessi­nons un volume géométrique appelé cône. Au sommet : Dieu. A la base, faisant cercle, la communauté paroissiale où chaque fidèle est séparé de ses voisins. Si chacun s'élève, tous se rapprocheront les uns des autres en montant vers Dieu. Chacun ayant moins de défauts ou des défauts moins criants sera plus agréable aux autres. Ayant acquis plus de qualités, chacun supportera mieux les travers de son prochain. Ainsi naîtra une communauté qui sera effective.

Mais l'image du cône doit être complétée par la présence du prêtre. Il se place au centre parce qu'il est la projection du sommet divin sur le cercle terrestre, c'est-à-dire le repré­sentant de Dieu ici-bas. Le fidèle lui est relié par un rayon de la circonférence. Il saute aux yeux, sur le croquis comme dans la vie courante, que s'il s'élève et se rapproche de Dieu, il entraînera par son élévation celle des fidèles.

Il faut donc d'abord chercher le Royaume de Dieu et tout le reste nous sera donné par surcroît. De la recherche du Royaume de Dieu naîtra la communauté, et l'Esprit de Dieu pourra, alors, faire en sorte que l'on dise de nous : « Voyez comme ils s'aiment. » Mais ce n'est qu'en s'élevant qu'on peut s'approcher de Dieu. Lorsque Zachée voulut voir le Christ, il monta sur un arbre. Lorsque le Seigneur nous invite à retirer la poutre de notre œil, ne veut-il pas dire que nous devons nous débarrasser de nos défauts ? Et s'il nous demande d'être parfaits, que cela signifie-t-il ?

Pour conclure, répétons que le néo-modernisme a fait le silence sur la Loi. L'oubli de la Loi a conduit à l'immoralité, laquelle a envahi le monde et effacé la notion de péché. De plus en plus pécheurs, les hommes se sont éloignés de Dieu et ont renforcé les rangs de l'athéisme : ils préfèrent les ténèbres parce que leurs oeuvres sont mauvaises.

Gardienne des mœurs et de la foi, l'Église semble débor­dée. Trop parmi ses membres enseignent que ce n'est pas la vertu qui est première (on se moque même des vertueux) : c'est la liberté c'est l'homme, en sorte qu'ils se mettent ainsi au rang des païens.

Trop parmi ses membres enseignent, sans l'expliquer, que l'amour est tout, laissant aux enseignés toute latitude pour donner au mot amour le sens qui leur convient. Et au nom de l'amour, c'est-à-dire souvent au nom d'un sentiment violent et passager inspiré par le démon, on insulte au Dieu d'Amour.

On enseigne les paroles de saint Augustin : « Aime et fais ce que tu veux », mais on omet de dire, que l'amour dont il parle est la charité dont saint Jean et saint Paul ont dit de si belles et si grandes choses, cette charité qui permet de faire ce que l'on veut car elle est tout orientée vers le bien.

Et puisque, les principaux efforts de l'Église concernent la pastorale, ne pourrait-on pas rap­peler aux fidèles ces paroles de S. S. Pie XII : «... Personne ne peut faire quoi que ce soit, comme il convient, pour le bien commun, s'il ne brille d'abord lui-même comme un exemple de vertu pour les autres. »  Tout cela n'est plus enseigné, comme n'est plus enseignée la nécessité de la connaissance de soi.

 

Extrait de : MARIE ET LA GRANDE HÉRÉSIE.

                       Guy Le Rumeur (1974)

                       79290 Argenton-L’Église

 

elogofioupiou.com

 

 

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