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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 13:24

Il n'y a pas eu de commencement aux lumières célestes. Dieu est éternel. En Dieu, la création elle-même est éter­nelle. Sorti de lui pour son immense déroule­ment temporel, l'univers revient au contact. De ce fait, il revêt une pleine clarté, une immobilité qui n'est pas inactivité, qui est pourtant cessa­tion des recherches, arrêt de ces remous qui font ressembler le cosmos à un monstrueux bouillon­nement, à une mer bouleversée.

 

Les nouveaux cieux et la nouvelle terre du prophète donneront un jour leur sens aux énig­mes de l'univers, comme le salut individuel justi­fiera nos vies souffrantes et imparfaites.

 

Le « parfait » de l'Être entier doit venir. Tout tend à cette spiritualisation, à cette harmonie où la douleur et le mal n'ont plus de part, où l'activité n'est plus « l'acte de l'imparfait » qui se cherche, mais « l'acte du parfait » qui s'exprime. Aux cieux catastrophiques de la science, à la terre catastrophique de la géologie, à l'histoire catas­trophique de notre humanité en son tout et en chacun de ses êtres, doit succéder un état de fixité conforme à l'idéal créateur : trace authen­tique ou image pure que ne sont jamais main­tenant les créatures matérielles ou pensantes.

 

Quand un rayon de soleil entre dans une pièce, lui-même ne se voit pas; ce qu'on voit n'est que la danse des poussières de l'air, qui reçoivent et nous révèlent sa lumière : ainsi la clarté pure de la pensée créatrice n'apparaît qu'indirectement dans la danse des choses. A l'égard de cette clarté parfaite, toutes créatures changeantes ne repré­sentent qu'un système d'impuretés.

 

Un jour doit venir où la lumière absorbera les poussières, où la danse, trop inharmonique dans un système de tournoiement affairé et tourmenté, fera place à une chorégraphie régulière, à un règne de l'idée qui maintenant travaille, à un tranquille équi­libre de ce qui aujourd'hui s'épuise dans des convulsions.

 

Une nébuleuse spirale est une forge; un soleil est un tison et une planète une étincelle éteinte : on veut voir le produit de cette fabrication fré­nétique.

 

L'univers naît : il doit vivre. L'univers court : il doit arriver là où il va. Nous ne savons rien de son aboutissement, sachant si peu de son être; mais avec les François d'Assise, nous l'ai­mons, aimant Celui qui l'a fait.

 

Nous répondons pour lui à Celui qui l'appelle et l'attend, comme nous-mêmes il nous appelle et nous tend les bras. La maison et l'habitant ont une même destinée, en somme. Ame, corps, univers, tout cela, à la vérité, ne fait qu'un : nous avons le droit de penser que tous les fils d'Adam qui l'auront voulu, tous les fils de ses frères, les Adams — s'il en est — de tous les mondes, se retrouveront un jour tous ensemble, auprès de Dieu, dans ce jardin de délices que sera alors l'univers.

 

 

Extrait de : RECUEILLEMENT. Œuvre de A. D. Sertillages O.P. (1935)

 

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