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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 09:39

Depuis Renan, on a coutume de caractériser l'homme comme idéal, l'homme qui domine les con­tingences, en disant un peu ironiquement : il voit tout du point de vue de Sirius.

 

Sirius est une très belle étoile, et qui règne aune belle hauteur; mais elle n'est pas encore assez haute. Ou bien elle l'est trop. Elle repré­sente une de ces demi-mesures qui compliquent les problèmes et ne les résolvent point.

 

Le point de vue de Sirius nous éloigne du réel et ne nous   fait   point   accéder à l'idéal. L'idéal authentique n'est pas loin; il est intime à toute âme et à toute chose, étant Dieu même en l'une des formes  de  sa  pensée  créatrice et rectrice proposée à notre recherche.  Et l'idéal authentique est infiniment loin, plus loin que Sirius, en ce que sa perfection le rend à jamais inaccessible en sa plénitude. On peut seulement marcher à sa lumière.

 

L'hôte de Sirius se dégage des grossissements passionnés et des désirs éphémères : c'est un bien partiel; mais il oublie que nos riens sont en relation avec le Tout et y prennent, par leur côté éternel, une tragique importance.

 

La clairvoyance des saints c’est de tout concilier. La clairvoyance voit de haut et elle voit de près, elle juge de tout du point de vue divin, et pour cela même compatit aux misères et aux petitesses, toute dé­vouée à leur service. Pour elle-même, elle ne néglige rien, sachant que tout est grand, et elle n'est esclave de rien, sachant que tout est petit de ce qui enchaîne la liberté du vol vers l'Unique Nécessaire.

 

Penser droit, c'est donc échapper aux cir­constances de sa vie actuelle sans les dédai­gner; c'est les transfigurer en les plaçant sous le grand rayonnement qui divinise tout, après avoir tout épuré et tout mesuré à l'aulne éter­nelle.

 

Si un peu de réflexion nous détache des choses et des gens convaincus de futilité, une réflexion plus profonde y ramène notre pensée et notre cœur en vue du service, en considération de l'utile partout répandu, dans un esprit d'amitié universelle et d'universelle estime pour les valeurs que nous offre la providence.

 

Un ami de l'idéal ne doit pas ressembler au personnage de François de Curel « nomade entre ciel et terre », mais à l'idéaliste d'Assise, qui aime tout et se tient libre de tout, qui voue son âme à la terre et au ciel, comme un arbre.

 

Un arbre est une flamme qui jaillit en deux sens : dans l'air et dans le sol, parce que tous deux l'alimentent : ainsi l'homme de l'idéal doit se tenir entre ciel et terre non comme étran­ger, mais comme parent, client, serviteur et ins­trument de l'un et de l'autre, chargé de les assembler en soi pour grandir et pour aider ses frères, qui sont comme lui des terriens et des immortels.

 

 

Extrait de : RECUEILLEMENT. Œuvre de A. D. Sertillages O.P. (1935)

 

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