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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

22 octobre 2013 2 22 /10 /octobre /2013 11:34

Aimez  véritablement  votre  prochain,   dit  l'Apôtre.   La charité n'est point stérile ; elle se manifeste par des œu­vres de miséricorde, dont les unes appartiennent à l'or­dre temporel, et les autres à l'ordre spirituel. Ces œuvres vous sont connues.

 

 

C'est aux femmes plus encore qu'aux hommes qu'il appartient d'exercer les œuvres de miséricorde. Dieu, en leur don­nant un cœur plus tendre, plus généreux, plus disposé à la compassion, ne semble-t-il pas leur avoir confié la noble mis­sion de soulager les malheureux, de consoler les pauvres, si délaissés dans cette vallée de larmes ?

 

 

Mère, sœur, épouse, fille, la grâce secourable de la femme, dit un philosophe, s'entremêle à tous les âges et à tous les états de la vie humaine pour en faire le charme et le lien ; pour soutenir la faiblesse, tempérer la violence, relever l'abatte­ment, accompagner la destinée ; pour unir les divers membres de la famille, en éviter les frottements, en concilier les oppo­sitions, en constituer l'harmonie ; et, dans la société, pour jeter, comme les lianes des forêts vierges, d'une famille à l'au­tre, d'une branche à l'autre, d'un individu à l'autre, des liens souples et doux dont l'attrait fait la force, dont la faiblesse fait la grâce, et qui composent la flexibilité des relations de la vie humaine.

 

 

Que l'on considère surtout la grande, l'immen­se place que la douleur et la misère occupent dans cette vie : la faiblesse de l'enfance, l'inexpérience de la jeunesse, les déceptions de l'âge mûr, les dégoûts de la vieillesse, tous les maux particuliers qui viennent fondre à chaque instant sur ces maux généraux, et, pour un si grand nombre, le mal con­tinu de l'indigence et de tout le cortège de labeurs, de priva­tions, de maladies, de honte, de désespoir, qu'elle traîne avec elle ; et qu'on observe que si quelque soulagement, quelque miséricordieuse sympathie, quelque soin pieux, quelque rayon discret de consolation et d'espérance sont envoyés du ciel à tous ces besoins et ces maux, c'est la femme chrétienne qui en est ordinairement la messagère.

 

 

Il n'y a pas un coin écarté de pauvreté que la charité des femmes chrétiennes n'explore, pas une plaie hideuse qu'elle ne lave et ne nettoie, pas une douleur mystérieuse qu'elle ne console, pas une faiblesse secrète qu'elle ne relève, pas une pudeur qu'elle ne réveille, pas un repentir qu'elle n'accueille, pas un désespoir qu'elle ne sauve, et pas une âme en peine qui ne se jette entre ses bras.

 

 

Que de combinaisons ingénieu­ses et sans relâche ! Que de refuges ouverts a des existences brisées ! Que de larmes essuyées ! Que de caves et de mansar­des visitées ! Que de corps gisants sur la paille relevés, rani­més, réchauffés, vêtus, nourris, guéris ! La charité chrétienne n'abandonne pas un instant la vie du pauvre ; elle s'occupe de lui avant sa naissance pour lui préparer un berceau et du lait; elle élève son enfance à la garderie, dans l'asile et dans l'école, paie et protège son apprentissage, adopte l'orphelin, délivre le prisonnier, visite le malade, encourage le repentir, aide sans l'humilier la misère qui se cache, et ajoute à l'au­mône la parole qui console et qui fortifie.

 

 

La femme chrétienne est éminemment douée de toutes les qualités qui donnent du prix aux services rendus ; elle a plus de suavité dans le cœur, plus d'affabilité dans les manières, plus de douceur dans le caractère. Aussi, quand elle vient s'as­seoir au chevet du malade dans nos hôpitaux, ou lorsque, dans les prisons, elle paraît à la porte du cachot des condamnés, elle semble un ange descendu du ciel pour les consoler et les plaindre ; quand elle s'introduit dans l'asile du vieillard, on croirait qu'elle est sa propre fille. Quand la sœur de Saint-Vin­cent rassemble autour d'elle les enfants de la misère, du mal­heur ou du crime, on dirait qu'au souffle de la charité de Jésus-Christ son cœur virginal a deviné tous les instincts de la maternité.

 

 

« Les femmes chrétiennes, dit M. de Salvandy, ont un mi­nistère et un rang à part. Elles seules pouvaient montrer au monde le miracle perpétuel et vivant du dévouement des sœurs de charité, qu'admirent et vénèrent nos armées, pour qui elles sont à la fois la religion, la patrie et la famille.

 

 

« Femmes de toutes les conditions, vous ne sentez pas assez combien vous pourriez être utiles et secourables autour de vous, quels maux différents vous pourriez guérir, quelle influence heureuse vous pourriez exercer ! Combien d'âmes inquiètes, oisives, entraînées dans des voies mauvaises, que votre naturel empire, si fatal dans les sociétés faibles et cor­rompues, si bienfaisant dans celles qui sont fortes ou se re­lèvent, pourrait régler et fixer !

 

«Il y a un prosélytisme du de­voir et de l'honneur, de la dignité personnelle, du bon et noble emploi de la vie, de la sollicitude sur les obligations du rang et de la fortune, de la culture sérieuse des intelligences et des âmes, que vous pourriez accomplir avec autant de fruit que l'apostolat de la charité.

 

 

«C'est une œuvre digne de cœurs et d'esprits éclairés par une sainte lumière. Ne la croyez ni au-dessus de vos forces, ni au-dessus de votre mission ; c'est vo­tre mission même. Sœurs de charité de maux que le monde ignore ou dédaigne, et qui le blessent au cœur sans qu'il y prenne garde, soyez secourables au faible qui s'abandonne aussi bien qu'à l'indigence qui se meurt !... »

 

R. P. huouet.

 

Extrait de : LECTURES MÉDITÉES (1933)

 

 

    elogofioupiou.over-blog.com

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