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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

24 février 2014 1 24 /02 /février /2014 09:09

 

Disons-nous que nous avons déjà mérité d'être là avec eux. Qui peut être sûr d'avoir été pardonné? Plus nous entrerons en esprit dans l'enfer et plus nous avons des chances de concevoir un repentir sérieux qui nous obtienne pardon de Dieu. Défions-nous comme du diable de cette religion faite de mots et d'idées seulement que tant de prêtres philosophes sèment dans le monde. Ainsi je pèche tant que je veux et je tiens | comme en réserve ma contrition; en cas d'accident ou de : danger de mort, au bon moment voulu, je récite un acte de con­trition et... l'enfer est évité !

 

Défions-nous de ces trucs magi­ques pour éviter l'enfer tout en nous permettant de pécher facilement. Les philosophes font une religion simplement de tête où tout marche vite comme la pensée. Mais la religion de J.C. est amour et l'amour ne change pas vite comme la pensée. Or Dieu ne juge pas selon la pensée, mais selon le coeur et les actes dans le concret.

 

Donc ne nous contentons pas de PENSER seulement à l'enfer, mais méditons-le assez longtemps et assez sérieuse­ment pour que toute l'âme, tout le coeur en soient pénétrés jus­qu'à nous donner une très grande peur d'y aller.

 

Il ne suffit pas de méditer parfois sur l'enfer, il faut y penser aussi souvent que le péché se présente à nous et que de fois cela arrive chaque jour? Eh bien! Voici, à notre avis, le meilleur moyen d'y penser souvent. C'est de nous servir de la doctrine des échantillons. Car si Dieu a mis des échantillons de sa bonté, il en a mis aussi de sa justice. Tout ce qui est de nature à nous faire souffrir est un échantillon de la justice de Dieu ou de l'enfer. Dieu a créé ces choses pénibles précisément pour nous donner une idée de ce qu'il réserve en enfer à ceux qui l'offensent mortellement.

 

Cette idée nous aidera à mieux méditer sur l'enfer, com­me dans le point actuel: la vue. Servons-nous de ce que nous voyons de repoussant sur la terre pour mieux comprendre l'enfer. Chaque fois qu'on voit du feu, qu'on se dise: ce n'est qu'un faible échantillon de l'enfer. Quand on voit quelqu'un souffrir, pleurer, gémir, se plaindre, etc., ce n'est qu'un échan­tillon d'enfer! Servons-nous donc de la vue pour aller voir sou­vent en enfer ce qui s'y passe chez les damnés.

-305-

Au lieu de nous détourner de toutes les horreurs que nous voyons sur terre, regardons-les les yeux grands ouverts et remplissons notre âme de ces échantillons d'enfer. Avis à ceux qui disputent contre la saleté, qui ne visitent pas les malades parce qu'ils ont horreur de leurs grimaces de douleur, de leurs plaintes, de leur odeur désagréable, etc. etc. Tous ces effets, viennent des péchés d'une façon ou d'une autre, sont de faibles échantillons des souffrances de l'enfer.

 

Mortifions la vue: c'est par les yeux qu'entrent les tenta­tions en général, qui nous séduisent ensuite au péché. Plus on les ferme aux beautés terrestres et plus nous fermons l'enfer pour nous-mêmes !

 

Le toucher est le sens qui souffrira peut-être le plus dans le feu répandu dans tout le corps et d'un travers à l'autre et non seulement la peau; il sortira des yeux, des oreilles, des narines et de la bouche: tout l'être et même l'âme sera tout rouge dans ce feu allumé par la colère divine.

 

On remarque que Dieu a mis du feu ou mieux la sensa­tion du feu dans presque toutes les souffrances corporelles; on se gèle les oreilles et l'on dit qu'elles nous brûlent; on se coupe un doigt et on ressent une brûlure; on parle des "brûlements" d'estomac, etc. Dieu veut donc nous faire savoir que la douleur du feu pénétrera tout l'être en enfer.

 

Dans toutes ces comparaisons, on va toujours trop vite; on se contente d'y penser. Cela ne suffit pas; il faut, comme dit St Ignace, prendre le temps de GOÛTER intimement ces souf­frances. Pour cela il faut du temps, car les sens et l'imagination sont plus lents que la pensée, surtout pour des choses que nous n'avons jamais vues. Il faut attendre qu'on éprouve les mêmes sensations que si nous étions vraiment là.

 

Le goût. Comme on mange au moins trois fois par jour que d'occasions de se mortifier et de comparer les mets qu'on n'aime pas avec toutes les choses amères de l'enfer! Si un mets n'est pas contraire à la santé mangeons-le quand même il est un peu désagréable au goût; ce n'est qu'un échantillon d'enfer que Dieu nous présente. Qu'on fasse ainsi pour l’ouïe et l'odorat.

 

Si on est porté à dire que cela n'a pas de bon sens de tant souffrir, c'est bien vrai. Mais le damné a-t-il mis du bon sens dans sa vie? Avait-il du bon sens quand il préférait un plaisir d'un instant aux joies éternelles du ciel? Avait-il du bon sens en suivant son animal au lieu de suivre sa raison? Avait-il du bon sens quand il suivait sa raison au lieu de suivre la lumière divine de la foi? Avait-il du bon sens quand il continuait de pécher sachant qu'il serait condamné à l'enfer? Eh bien! Qu’il souffre maintenant sans "bon sens"!

 

Souffrance de l'intelligence, ce sera le désespoir. C'est un point très difficile à se représenter pour nous qui sommes tant aux choses sensibles de la terre. Tout de même, il est bon d’essayer avec la grâce de Dieu de s'en faire une idée. La Sagesse a un beau passage sur ce désespoir des damnés, Ch.5.

 

 "Les méchants seront agités d'une horrible épouvante; ils seront dans la stupeur devant la révélation du salut. Ils se diront pleins de regrets et gémissant dans le serrement de leur coeur: Nous avons donc erré loin du chemin de la vérité; la lumière de la justice n'a pas brillé sur nous et sur nous ne s'est pas levé le soleil. Nous nous sommes rassasiés dans la voie de l'iniquité et de la perdition, nous avons marché dans des déserts sans chemins et nous n'avons pas connu la voie du Seigneur. A quoi nous a servi l'orgueil? Et que nous a rapporté la richesse avec la jactance? Toutes ces choses ont passé comme l'ombre, comme une rumeur qui s'enfuit, comme le navire qui fend l'onde  agitée  sans  qu'on   puisse  trouver  la  trace  de  son passage..."

 

Le mal de l'intelligence sera d'avoir eu les moyens de se sauver et d'en avoir abusé; ce sera sa sottise d'avoir mis son bonheur dans les échantillons au lieu de le mettre dans les perfections divines et d'avoir suivi les démons au lieu de suivre J.C. Elle comprendra que c'est elle qui a opéré sa condamna­tion et qui a choisi le chemin de l'enfer malgré les aver­tissements fréquents de sa conscience et des bons prêtres et des bonnes personnes que Dieu a mises à côté d'elle.

 

Quand elle pensera au bonheur ineffable du ciel qu'elle aurait pu avoir et qu'elle se verra dans le feu et torturée par les démons pour toute l'éternité, voilà ce qui fera son désespoir. Pourquoi ne pas faire tout de suite cette comparaison qui pour­rait nous être si utile en ce monde au lieu d'aller la faire en enfer? Mais ceux qui sont pris par l'ensorcellement des plaisirs ter­restres ne sont pas capables de s'arrêter assez longtemps dans le silence et la solitude pour comparer les deux éternités. Elle sait qu'il n'y a pas l'ombre d'un soulagement à ses souffrances en perspective, son malheur est inexorable et irrévocable et tout est sa faute.

 

On peut se faire une idée de ce tourment en essayant de voir l'angoisse de Judas et des suicidés qu'on peut avoir con­nus. Ils souffrent tellement qu'ils ne se sentent pas la force d'endurer leur malheur plus longtemps. Or en enfer, il n'y aura pas de suicide possible.

 

A suivre

Extrait de : MES RETRAITES.  Père Onésime Lacouture. S.J.  (1978)

 

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