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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 09:35

    LA  PHILOSOPHIE DU  PLAISIR

Nous recherchons tous le bonheur. Et si nous étions raisonnables, nous prendrions la peine d'étu­dier les trois lois qui gouvernent le plaisir et qui, si l'on s'y conforme, rendent la conquête du bonheur incomparablement plus facile.

Première loi. — Si vous voulez vous amuser, il vous faut organiser votre existence de telle manière qu'elle ne comporte pas uniquement des amusements. Le plaisir est comme la beauté. Il est conditionné par le contraste. Une femme qui désire mettre en valeur une robe de velours noir, ne la présentera pas, si elle est avisée, devant une tenture noire, mais devant une tenture blanche. Les feux d'artifice ne nous enchanteraient pas si on les faisait jaillir dans l'éclat du soleil de midi : ils ont besoin d'obscurité pour produire tout leur effet. Les nénuphars nous donnent un plaisir esthétique tout particulier parce que leurs pétales émergent, de façon surprenante, des eaux souillées des étangs. Le contraste est nécessaire pour nous aider à découvrir dans chaque chose sa valeur propre.

Selon le même principe, le plaisir est d'autant plus délectable qu'il se présente comme une aubaine contrastant avec des expériences beaucoup moins agréables. Nous commettons une grave erreur si nous essayons de faire des nuits de fête de toutes nos nuits. Le Thanksgiving Day serait sans saveur si nous mangions tous les jours de la dinde. Et nous ne serions pas dans l'allégresse pour le réveillon du jour de l'an si les sirènes retentissaient tous les jours à minuit.

L'amusement dépend d'un contraste. Il en est de même du plaisir que provoque en nous une situation comique. Si la mitre d'un évêque a été placée de tra­vers par un maître des cérémonies négligent, cela nous fait rire ; cela ne serait pas drôle du tout si les évêques portaient toujours leur mitre sur l'oreille.

Le plaisir de vivre se trouve singulièrement accru si nous suivons les préceptes spirituels qui nous enjoignent de pratiquer la mortification et le renon­cement. Cette pratique nous préserve de la lassitude ; elle sauvegarde la joie de vivre.

L'autodiscipline ranime en nous les enthousiasmes de notre enfance, de ce temps où nos plaisirs étaient rationnés, où nous mangions notre dessert à la fin du repas, jamais au début.

Deuxième loi.Le plaisir devient plus profond et plus intense lorsqu'il survit à une période d'ennui ou de douleur. Cette loi nous aide à faire durer toute la vie les plaisirs auxquels nous accordons le plus d'importance. Pour y parvenir, il nous faut persévérer dans ce que nous avons entrepris jusqu'à ce que nous ayons trouvé notre deuxième souffle. On jouit beau­coup mieux d'une ascension en montagne après être passé par les premiers moments de fatigue et de décou­ragement. On s'intéresse beaucoup plus à son métier après avoir surmonté l'envie d'y renoncer.

De même, le mariage ne devient stable qu'après les déceptions qui mettent un terme à la lune de miel. Ce qui donne toute leur valeur aux vœux conjugaux, c'est qu'ils préservent l'union du couple au cours de la première querelle ; ils lient le mari et la femme pendant la période des premiers ressentiments, jus­qu'à ce que les conjoints trouvent leur deuxième souffle et connaissent un bonheur véritable dans leur union. Comme toutes les grandes joies, les joies du mariage s'enfantent plus ou moins dans la douleur. Il nous faut casser la coquille pour manger la noix, de même, dans la vie spirituelle, la croix doit précéder la couronne.

Troisième loi.Le plaisir est un sous-produit et non un but. Le bonheur doit être notre demoiselle d'honneur et non notre épouse. Beaucoup de gens commettent la grave erreur de se préoccuper unique­ment du plaisir ; ils oublient que le plaisir ne découle que de l'accomplissement d'un devoir ou de l'obéis­sance à une loi, car l'homme est fait pour obéir aux lois de sa propre nature auxquelles on ne peut pas plus échapper qu'aux lois de la gravitation. Lorsqu'il mange de la crème glacée, un enfant y trouve du plaisir, car il se conforme à l'un des impératifs de la nature humaine : manger. Mais s'il mange plus de crème glacée que les lois de son corps n'autorisent, il cesse de trou­ver le plaisir qu'il recherche et il finit par avoir mal au cœur. Rechercher le plaisir sans se soucier de la loi, c'est le manquer à coup sûr.

Devons-nous commencer par le plaisir ou finir par le plaisir ? Il y a deux réponses à cette question, la chrétienne et la païenne. Le chrétien dit : « Commence par le jeûne et termine par le banquet ; alors tu le savoureras vraiment. » Le païen dit : « Commence par le banquet et termine par la gueule de bois... »

Extrait de : LE CHEMIN DU BONHEUR  (Mgr fulton J. sheen)

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