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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 04:48

Saint Paul me dit encore que Dieu sauve « ceux qui sont conformes à l'image de son Fils » (Épitre aux Rom., VIII, 29.). Or, c'est ce Fils ado­rable et bon qui entreprend ce grand travail de la conformité ; et, dans ce but, il emploie deux moyens : ma douleur et la sienne. A chaque souffrance qui me visite, à chaque goutte du calice amer, je m'étonne et je dis : Pourquoi ? Et faut-il que je sois ignorant à ce point ! La souffrance m'est envoyée, pour que je Lui devienne conforme; et la souf­france continue à m'être envoyée, pour que je lui sois conforme jusqu'à mon dernier jour. Si jésus imprime en moi ses stigmates, il a bien son but : c'est pour préparer un jugement qui se pro­nonce en raison de la conformité avec le modèle, cette grande loi des âmes chrétiennes. Ici, deux choses sont né­cessaires : la souffrance envoyée de Dieu ; la patience, fruit de mon amour et de ma bonne volonté.

Parce que je souffre, je me rapproche de jésus-christ : parce que je souffre patiemment, je m'iden­tifie avec lui.

Cette doctrine, l'Apôtre l'établit en deux mots qui se passent de commentaire : « La tribulation pro­duit la patience et la patience produit l'épreuve » (Épître aux Rom., V, 3 et 4), cette bonne épreuve qui permet d'aller sans crainte au jugement.

Je commence donc à découvrir l'in­dustrie de l'amour du Sauveur, pour nos morts et pour nos jugements. Partons sans peur, car, au terrible tribunal, nous l'entendrons, disant : les voici, ô Père ; comme moi ils ont souffert ; à mon exem­ple et par la vertu de ma croix, ils ont été patients ; sauvez-les, « parce qu'ils me sont conformes ».

Quelles que soient les craintes que je confie au crucifix, il y répond par un mot d'espoir qui me pénètre : « Aujour­d'hui tu seras avec moi en paradis. »

Suis-je présomptueux, en disputant au bon larron le jugement favorable que prononce pour lui jésus du haut de sa croix ? Non, car ce jugement, le coupable le dut à son repentir. Or, un repentir qui mérite le ciel ne peut venir que de jésus. Et pourquoi penser qu'il me le refusera ? Ce que je puis dire de plus pratique touchant le crucifix, le voici : Je le regarderais cent fois pieusement que cent fois il me donnerait de produire cet acte d'amour, qui a sauvé le larron sur la croix.

Le crucifix me rappelle encore cette parole du Calvaire : « Mon Père, par­donnez-leur... » jésus-christ a donc prié pour mon âme et pour mon salut. La veille de sa mort, il avait déjà répandu toute la charité de son cœur dans la plus sublime de toutes les prières : « Père saint, conservez en mon nom ceux que vous m'avez donnés, pour qu'ils soient un, comme nous le sommes... Préservez-les du mal... Sanctifiez-les dans la vérité... Je vous prie non seulement pour eux, mais pour tous ceux qui, à leur parole, croiront en moi...

Père, ceux que vous m'avez donnés, je veux qu'ils soient avec moi, là où je suis moi-même » (S. Jean, XVII). Or, quand jésus-christ prie, « il est toujours exaucé à cause de sa dignité ». O saintes prières du Sauveur, prières de sa vie cachée et de sa vie publique, prières de la Cène et du Calvaire, prières du tabernacle et du ciel, elles sont toutes efficaces et toutes pour moi : en fixant en elles mon espoir, je ne serai pas con­fondu.

Je ne puis omettre une dernière assu­rance que me renouvelle le crucifix. « Ecce Mater tua, voici ta mère... » Par ce testament du Calvaire, Marie est éta­blie l'avocate des pécheurs et la porte du ciel. Son culte devient donc, pour ceux qui le pratiquent, un signe de prédesti­nation bienheureuse. Qui m'empêche de jeter dans son cœur maternel toutes mes anxiétés, et de traiter avec elle la ques­tion du jugement ? Comme l'Église a bien compris ce port du salut ouvert à tous ses enfants, puisqu'elle leur fait ré­péter dans une supplication universelle :

« ... Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort ! » Plus je médite sur mon jugement, au pied de la croix, plus la croix fait luire jusqu'en mon cœur le rayon d'espoir, et affermit mon courage pour l'heure qui s'avance. Un jour que mes regards al­laient du crucifix à l'autel, le tabernacle me donna aussi sa parole de garantie, pour le succès du dernier voyage. Je la savais déjà ; mais il plut au Seigneur de me la faire goûter dans les apaisements qu'elle apporte aux heureux habitués de la table eucharistique. « Je suis le pain vivant, descendu du ciel ; celui qui mange ce pain vivra éternellement... Il ne mourra pas... Je le ressusciterai au dernier jour. »

Et maintenant, ô mon frère, êtes-vous satisfait du crucifix et craindrez-vous toujours ? Oui, craignons comme avant, mais espérons mille fois plus qu'avant.

Craignons, car la crainte chrétienne, par les œuvres qu'elle nous fait accomplir, augmente les motifs que nous aurons un jour de tout espérer. Le ciel est une assez belle conquête pour que nous puissions l'acheter au prix de quelque effroi.

En terminant ces réflexions, jetons-nous ensemble au pied du crucifix et disons : Seigneur, mort en croix pour nos âmes, accordez-nous la plus grande grâce de repentir que vous ayez jamais donnée à un pécheur avant de mourir. Amen!

Extrait de : LES CRUCIFIX de l’abbé Chaffanjon. (1925)

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