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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

26 décembre 2021 7 26 /12 /décembre /2021 12:08

LE SACRIFICE ET L'IRE (LE COURROUX)

Deux anges ont passé dans le ciel. Pareils aux éclairs qui déchirent la nue et semblent vouloir la mettre en pièces, ils allaient, portant la foudre. Annonciateurs de tempêtes, exterminateurs terribles qui marchez au rythme de cette Victoire-Volonté, qui êtes-vous ?

L'un m'a dit, ­­ j'aurais pu le dire moi-même à voir ses yeux tour à tour étincelants et sombres, suivant les rafales alternées de la joie et de la souffrance — : Je suis le Sacrifice.

. Et l'autre, dont le vêtement rutilait comme la flamme épanouie d'une torche : Je suis le Courroux, l'Ire du Seigneur.

O Sacrifice ! Pour ton élan que l'obstacle avive, pour ton ardeur que la croix aimante, ô Sacrifice ! je tremble à ton aspect et je t'ad­mire et je t'envie.

Mais toi, ô Courroux, je t'aime ! N'es-tu pas, divin vendangeur ivre de justice et de sainteté, le frère jumeau de ma Furie ?

N'incarnes-tu pas cette puissance de l'Irascible chargée avec le Sacrifice d'abattre les entraves de la Volonté ? Et calme en sa fureur le terrible Justicier répondait :

  • J'ai regardé autour de moi, personne pour m'aider !
  • J'ai cherché un allié, il n'y en avait point !
  • C'est la force de mon bras qui a été ma Victoire !
    « C'est ma colère elle-même qui m'a prêté main-forte ! »

(ISAÏE, 63.)

 

Une image contenant nature, pluie, jour

Description générée automatiquement« Plus vite ! » criait la Volonté, là, vers la lumière. Ouvrez la voie, faites le libre espace... A tire d'aile vers l'Infini !

...Elle dominait ces deux fils de la foudre avec la douceur magnétique d'une charmeuse, puisant dans la force même qu'elle infusait et sa tranquillité et la liberté de son essor.

De ses bras étendus, elle les enflammait et les contenait tour à tour. Ils frémissaient, vibraient, palpitaient et l'on sentait tout ce que coûtait l'envol de cette Victoire.

On perdait de vue la mer symbolique où Raphaël la voyait glisser pour évoquer je ne sais quelle forêt titanique où travaillaient le glaive et la torche. Comme aux prises avec une flore une faune de férocité inconnue, ces défricheurs célestes défendaient leur reine contre la ruée meurtrière.

Et Ils s'en allaient les deux anges, à tire d'aile vers l'infini, cherchant à travers l'espace où mettre le fer et le feu, dans les lianes pour trancher, dans les ronces pour consumer.

Alors mon Guide parla en réponse à la question que je n'osais formuler, tant elle me poignait d'épouvante jusqu'en la moelle de mes os :

— Oui, péchés du monde, épaisse forêt, lourde d'arômes vénéneux et noire d'ombre meurtrière, où, dans les bourbiers, grouillent des monstres ! Voilà ce que l'homme a fait du premier, Eden et qu'il faut détruire.

Le péché originel a suscité la germination des désirs désordonnés et depuis, comme dans l'humus des forêts vierges, les mauvaises semences ont tiré de la pourriture végétale un surcroît de sève et de fécondité. Les éclosions se sont multipliées et peu à peu s’est dressée, cette brousse monstrueuse pleine de sortilèges et de guet-apens.

L'appel de la beauté résonne encore mais assourdi et lointain comme le chant du cor. La volonté cherche à s'élancer, mais com­ment s'arracher à cette jungle sans ces deux défricheurs ? Qu'ils brisent l'orgueil des futaies, qu'ils débusquent et chassent devant, eux tout ce qui rampe, rôde et gronde autour de l'Amour...

Plus vous dévore cet amour de la vie, plus implacable doit être la mor­tification.

Ne craignez pas : elle ne ravage que la mort. Elle ne mutile pas votre être, elle le guérit et l'assainit.

— Au prix de quelle souffrance, Raphaël !...

-- Cette souffrance est une largesse divine, c'est le pont de miséricorde sur l'abîme de la malédiction pour réconcilier le fini avec l’infini.

Je le sais, ô Mon Guide. Nul ne devait moins désirer la chute originelle que le Sacrificateur de son propre Fils, mais pourquoi permettre une faute qui entraînait tant de malheurs ?

  • Pour vous relever plus grands qu'Il ne vous avait créés.
  • O douloureuse résurrection !
  • O grandeur de l'offense, puisque tous les supplices des hommes depuis le commencement des temps jusqu'à la fin des siècles ne pouvaient suffire à votre rançon et qu'il fallut, à la stupeur émer­veillée des anges, laver la terre avec le sang d'un Dieu.

Les peuples antiques n'avaient-ils pas l'obscur sentiment de ce crime ? Ne vois-tu pas dans cette sourde attente de quatre mille ans un mystérieux tourment de rédemption ?... Quel gouffre de malédiction Decius cherche-t-il à combler ? Pourquoi faut-il que e couteau s'appesantisse sur le cou blanc des vierges, que le visage des enfants se crispe d'horreur devant l'insatiable Moloch ?

Pourquoi réaliser avant le temps la prophétique parole : Sine tan guinis efiusione non fit remissio ? Pourquoi ce ruissellement de sang sur tous les autels des faux dieux ? Que veulent donc apaiser ces victimes imparfaites ? Ne dirait-on pas qu'elles cherchent à gravir la montagne du calvaire sans pouvoir en atteindre le sommet ?

  • Et pourtant, Raphaël, je ne trouve nul vestige de ces sacri­fices chez les païens modernes. Ils n'ont même plus le sens de l'expiation. Cette réparation que les plus déchus ont demandée au sang des boucs et que les protestants rejettent au moins sur l'auguste Victime, ces païens n'en ont même plus l'intelligence !
  • Aussi, regarde leur monde... En dehors d'une milice seule vivante au milieu des morts, tu ne verras que ravages. L'égoïsme décompose les âmes, les familles, les sociétés et dresse nation contre nation. La Foi seule était une reine assez puissante pour imposer aux hommes l'indispensable antidote du renoncement, ce nerf de toute vie morale et sociale. Et la foi disparaît de la terre... non, elle s'est ramassée dans une phalange héroïque où bat le cœur du monde et qui va partout criant : « Pénitence, Pénitence, vous périssez, maison d'Israël ! »

Idées de l'autre monde ! s'écrient les mauvais génies... retournez à la terre. Il n'y a plus d'arbre du bien et du mal. Vous n'aurez de paradis que dans cette Jungle. Tout est vôtre...

 

Extrait de : Les sept colonnes de l’Héroïsme, Jacques d’ARNOUX.  Editions D. F. T.

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26 décembre 2021

 

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commentaires

L
"En dehors des oraisons jaculatoires le chrétien devrait s’exercer à la mortification chrétienne. Se mortifier, c’est sacrifier pour l’amour de Dieu, ce qui plaît et accepter ce qui déplaît au sens ou à l’amour-propre." Catéchisme st Pie X.<br /> "Légères pénitences qu'on peut s'imposer pour expier les fautes de la journée.<br /> 1 Ne pas manger entre les repas.<br /> 2 Subir sans se plaindre les incommodités de la saison, et se refuser même quelques-unes de ces précautions extraordinaires que recherche la crainte de souffrir.<br /> 3 Examiner dans sa tenue ce qui sent le sans-gêne ou l'amour des aises, et s'en corriger.<br /> 4 Faire pendant ses repas une légère privation inaperçue.<br /> 5 S'arrêter une minute avant de commencer un repas, pour réprimer l'instinct naturel.<br /> 6 Se lever le matin plus promptement qu'à l'ordinaire.<br /> 7 Veiller sur les regards, et les tenir bien modestes pendant tel trajet, tel espace de temps.<br /> 8 Prendre aux repas le morceau qui se présente, quel qu'il soit.<br /> 9 Ne se permettre aucun jeu de main, même très innocent, dans l'intention de se mortifier.<br /> 10 Réciter une partie de sa prière sans s'appuyer.<br /> 11 Parler un peu moins en récréation.<br /> 12 Aller exprès auprès d'une compagne avec qui on ne sympathise pas.<br /> 13 S'appliquer d'une manière toute particulière à bien faire le devoir écrit.<br /> 14 S'imposer rigoureusement le silence pendant telle étude, tel trajet.<br /> 15 Se priver d'un regard qui n'aurait pour but que le plaisir quoique innocent... Se priver,<br /> par exemple, de regarder un tableau, un livre simplement curieux.<br /> 16 S'obliger à répondre doucement à tout ce qui nous sera dit.<br /> 17 Pratiquer, depuis telle heure jusqu'à telle autre, une grande obéissance, s'engageant devant Dieu à ne pas raisonner et à ne pas examiner.<br /> 18 Réciter, en montant au dortoir, une ou deux dizaines de chapelet.<br /> 19 Faire une aumône prise sur l'argent destiné à une fantaisie ou à une gourmandise.<br /> 20 Chercher l'occasion de rendre service à une compagne. — Ces occasions se trouvent toujours quand on les cherche de bonne foi.<br /> 21 Donner un bon conseil ou au moins empêcher une médisance ou un murmure.<br /> 22 Faire un peu à ses dépens l'éloge d'une compagne. — Faire au moins tout ce qu'on pourra pour qu'elle brille plus que nous.<br /> 23 Employer bien exactement son temps pendant telle étude.<br /> 24 S'appliquer courageusement et en esprit d'expiation à la partie des études et à l'ouvrage manuel qu'on aime moins.<br /> 25 Etre remplie de bonté et de complaisance pour les plus petites compagnes.<br /> 26 S'interdire toute dispute, toute contestation pendant la récréation.<br /> 27 Demander de balayer la chapelle ou au moins s'offrir à aider celles qui sont chargées d'accomplir cet acte de religion.<br /> 28 Éviter dans ses vêtements ce qui pourrait sentir la vanité, et ne pas mettre, tel jour, tel ornement qui n'est pas défendu, mais dont on se pare ordinairement avec complaisance.<br /> 29 Mettre toutes ses affaires de classe en bon ordre.<br /> 30 Donner, par esprit de pénitence et de détachement, quelques-unes de ces futilités auxquelles on ne s'attache que par vanité, et dont la privation ne doit être sensible qu'à notre égoïsme." Livre de piété de la jeune fille au Pensionnat.<br /> Et les plus courageux : "L’austère austérité consiste à mettre un frein à la nature par les liens d’une mortification rigoureuse, à l’enchaîner comme une criminelle ; contrarie-la en tout : si tu veux manger, bois ; si tu veux boire, mange ; si tu veux parler, tais-toi ; si tu veux te taire, parle… Quand tu te trouves en doute entre deux choses à faire, ne sachant à quoi te résoudre, regarde de quel côté il y a plus de mortification ; parce que là où il y a plus de mortification, il y a plus de perfection." Jésus à Sr Bénigna.<br /> "Que tous les hommes sachent que la grâce arrive après la peine, qu’ils sachent que sans avoir porté le fardeau des afflictions, ils ne peuvent atteindre les hauteurs de la Grâce, qu’ils apprennent que les dons de la Grâce augmentent au fur et à mesure que le fardeau s’alourdit. Que les hommes ne se trompent pas, il n’y a qu’une voie pour rejoindre le Paradis, et la Croix est la seule route pour y accéder." Jésus à ste Rose de Lima.
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E
Merci pour ces belles suggestions. Que Dieu vous bénise. Elogo