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Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme

24 janvier 2017 2 24 /01 /janvier /2017 09:48

Audience générale (du vraie Pape le seule et l’unique PAUL VI) du 13 juillet 1966.

Chers Fils et chères Filles,

Une minute de réflexion. Pourquoi êtes-vous venus? Pour voir le Pape, Nous le savons. Mais pourquoi voulez-vous voir le Pape ? Parce qu'il est le vicaire du Christ et le chef de l'Église. Vous voulez donc voir un certain reflet du Christ et avoir une certaine vision directe de l'Église. C'est une grande aspiration que la vôtre, et elle explique un peu l'affluence à ces audiences générales. Vous voulez voir. La visite est une exploration, une recherche. C'est un regard qui ne s'arrête pas au spectacle sen­sible ici à vos yeux, mais qui veut pénétrer si possible jusqu'aux réalités religieuses qui ici se présentent à votre esprit. Nous pouvons dans ce cas orienter votre légitime curiosité vers le grand thème, vers le mystère de l'Église qui se manifeste ici avec plus d'ampleur. Si donc, en fidèle de bonne foi, vous cher­chez ici quelques notions essentielles sur l'Église, vous vous demandez deux choses: qu'est-ce que l'Église, en définitive? Et si vous avez conscience de posséder déjà une certaine connais­sance de la nature de l'Église, la seconde question succède: que fait l'Église effectivement?

Nature et mission de l'Église: telles sont les deux questions principales que le fidèle se pose et que révèle ici, à l'audience du Pape, son avidité de voir et de com­prendre.

Prenons la seconde question (Nous avons donné à la pre­mière, en d'autres occasions, des éléments de réponse). Que fait l'Église? Pour beaucoup de nos contemporains, cette question revient à celle-ci: à quoi sert l'Église? L'habitude moderne de tout évaluer en fonction de l'utilité pratique et économique fait qu'on est tenté de répondre: elle ne sert à rien, l'Église ne fait rien de ce qui sert à la vie réelle. N'est-il pas malheureusement vrai que beaucoup pensent ainsi ?

Eh bien, pour pénétrer le sens de la mission de l'Église, c'est-à-dire de son efficience, de son insertion dans le tourbillon verti­gineux de l'activité humaine, il suffira de rappeler une simple mais sublime parole de Jésus aux Apôtres, du fondateur de l'Église par conséquent à ceux qui allaient la diriger après lui: Vous êtes la lumière du monde (Math. V, 14).

Supposons que nous nous trouvons dans une pièce obscure où l'on allume subi­tement une lumière: les choses et les personnes présentes dans cette pièce ont-elles changé? Elles sont comme avant. Mais que s'est-il produit ? Avec la lumière, il est arrivé que le milieu a pris forme et mesure, que toute chose a acquis lignes et cou­leurs. Vous souvenez-vous de la poésie de Manzoni sur la Pente­côte ? « Comme la blanche lumière qui ruisselle d'objet en objet et éveille des couleurs variées partout où elle se pose...» Ainsi en est-il, fils très chers, là où arrive l'Église.

Absolument parlant, l'Église ne sert à rien dans l'ordre temporel parce que, justement, son règne n'est pas de ce monde (cf. Jean XVIII, 36); mais elle est la lumière du monde. Cela veut dire qu'elle porte en elle un message de vérité et de sagesse qui donne un sens au déroulement de notre vie terrestre; elle éclaire la conscience de l'homme; elle lui révèle ce qu'il est (car la vieille énigme qu'est l'homme pour lui-même demeure toujours. La réponse au grand précepte de la philosophie: connais-toi toi-même, est toujours ambiguë, partielle, changeante, douloureu­sement incertaine). L'Église donne à l'homme une pleine con­science de lui-même.

De plus, si l'on observe bien, la conscience que l'Église fait naître dans l'humanité n'est pas seulement une sagesse spécu­lative. C'est une conscience pratique; c'est une inquiétude, si vous voulez, un ferment, une vocation, une responsabilité, une fin à atteindre, un homme nouveau à tirer du vieil homme, un royaume à conquérir, une vie nouvelle à commencer ici pour en jouir dans sa plénitude au-delà du temps. Aucun humanisme ne suscite autant d'idées, autant d'énergies, autant d'espérances dans le cœur de l'homme et la mentalité de la société que celui que l'Église annonce et instaure.

Sa mission est d'éduquer l'homme, l'éduquer au sens étymologique et socratique du mot, c'est-à-dire extraire, rendre efficient, conduire à la perfection. Certes, elle sait que l'homme est un être imparfait et de plus radicalement blessé par le péché originel; mais l'Église éprouve une immense estime, une immense confiance, un immense amour pour l'homme et c'est pourquoi, comme dit le Concile, « elle se reconnaît réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire » (Gaudium et spes, 1).

Pour l'instant, chers fils, cela suffira pour vous amener à réfléchir sur la mission de l'Église. Non, celle-ci n'est pas inutile à la vie et à l'histoire du genre humain. Elle est salutaire, elle est providentielle, elle est nécessaire.

Nous voudrions que vous retiriez tous de cette audience une reconnaissance plus grande envers le Christ Nôtre-Seigneur pour avoir institué l'Église et lui avoir donné la mission d'éclairer et d'éduquer l'humanité. Et en même temps, Nous voudrions que s'accroissent en vous la vénération pour la sainte Eglise et la confiance en elle. Avec Notre Bénédiction apostolique.

PAUL VI

Extrait de : Actes Pontificaux. Éditions Bellarmin

Texte italien dans L'Osservatore Romano du  14 juillet 1966 Traduction des Actes Pontificaux.

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